Quelques chiffres
8. Cet ouvrage ne se propose pas d’entrer dans des considérations par trop scientifiques qui risqueraient de nous entraîner hors de son propos. Toutefois, comme il nous faudra recourir de temps à autre à des arguments relevant de la technique plutôt que de l’art, il n’est peut-être pas inutile de rappeler au lecteur quelques nombres qui régissent la matière cinématographique à laquelle nous avons affaire : la pellicule impressionnée par l’image et par la parole.
9. En premier lieu, la pellicule se déroule, lors de sa projection sur l’écran, à la vitesse de 24 images à la seconde. Autrement dit, chaque image projetée à l’écran apparaît à notre regard durant 1/24e de seconde. Pour permettre à notre œil de lire un sous-titre, il faut un certain nombre minimum d’images successives, impressionnées par un même texte. Ce minimum est déterminé par le temps nécessaire à l’œil humain pour lire un seul mot de 5 à 8 lettres. Ce temps est à peu près d’une seconde, temps que dure précisément le déroulement de 24 images1.
10. D’un autre côté – nous l’avons vu plus haut – un sous-titre ne peut occuper qu’une infime partie de l’image, et la longueur de son texte s’en trouve nécessairement limité. Cette limite a été fixée par des considérations physiologiques, plus exactement par la durée rationnelle maximum de l’effort visuel et cérébral que l’on peut demander au spectateur pour lire un sous-titre, effort à fournir en plus de celui qui lui est imposé par le spectacle même. Cette durée maximum est de 6 secondes, temps de déroulement de 144 images.
11. En raison des manipulations relevant du mécanisme du « titrage », ces deux nombres limites doivent être diminués de 4 images chacun. Nous obtenons ainsi : longueur minimum, 20 images (presque une seconde) ; longueur maximum, 140 images (presque 6 secondes).
12. L’image, en tant que mesure, est une unité relativement petite (elle forme un rectangle de 16 mm sur 22 mm), aussi emploie-t-on deux sortes d’unités supplémentaires pour mesurer la longueur de la pellicule.
La première, le mètre, sert à une évaluation approximative des longueurs plus ou moins importantes, par exemple scènes entières, bobines entières ou film complet. On dit : une séquence de 50 mètres, une bobine de 285 mètres, un film de 2 800 mètres. Si parfois l’on se sert du mètre pour désigner des longueurs plus ou moins restreintes – 2 ou 3 mètres – c’est que leur évaluation exacte à une image près n’est pas requise et que l’on se contente d’une estimation arrondie.
L’unité que nous allons adopter pour les besoins de notre cause est le pied – en anglais « foot » - quelque trois fois plus petit que le mètre. Cette unité est de rigueur dans les laboratoires du monde entier, lorsqu’il s’agit d’évaluations rigoureusement précises.
13. Le pied contient exactement 16 images (« photogrammes ») et c’est ce nombre d’images qui sert de base à son fractionnement. Habitués que nous sommes au système décimal, ce mode de calcul à la base de 16 peut nous sembler quelque peu déroutant au premier abord. Il comporte cependant de notables avantages pratiques qui compensent l’effort mental nécessité par des opérations souvent fastidieuses. Ces unités ont une notation spéciale : le nombre de pieds est suivi d’un point suivi à son tour du nombre d’images. Ainsi, 2.8 veut dire : 2 pieds, 8 images ; 13.0 : 13 pieds. D’autre part, l’expression 7.16 signifie naturellement 8 pieds tout rond.
14. Nous croyons utile de recommander aux futurs repéreurs et adaptateurs de s’exercer aux opérations d’addition et de soustraction sur des longueurs exprimées en pieds et fractions de pied, jusqu’à ce qu’ils y aient acquis une certaine habileté. C’est d’une importance capitale, tant pour la qualité que pour la célérité du travail de chacun.
Pour faciliter cet exercice, nous conseillons de noter – provisoirement – le nombre d’images qui suit celui de pieds en 2 chiffres : 00, 01, 02, 03, etc., jusqu’à 09, puis 10, 11, etc.
L’addition s’opère en additionnant séparément le nombre de pieds et celui d’images. Si la somme de ces dernières est supérieure à 16, on les convertit en pieds. Exemples :
La soustraction est très simple lorsque le premier nombre d’images est supérieur au deuxième :
Si le premier nombre est inférieur au deuxième, il y a lieu de convertir une unité de pied en 16 images, que l’on ajoute au nombre d’images initial (exactement comme dans le système décimal), puis la soustraction s’effectue comme plus haut :