Portrait des nouveaux membres du Conseil d'Administration - Saison 3

Pour la troisième année consécutive, les nouveaux membres du CA se prêtent au jeu des portraits. Découvrez qui sont ceux qui sont venus renforcer les rangs de l'ATAA en 2025 !

Pour le sixième portrait des nouvelles têtes du CA, David Blin. Un membre qu'on y a finalement peu vu, mais il le dit lui-même, ce n'est que partie remise !

Mon année a été plus chargée que je ne le pensais et je n’ai pas pu leur fournir l’aide que je souhaitais. Pas de reproche, pas de pression. Ils ont été supers. J’espère que je pourrai me rendre utile plus tard… histoire que ce ne soit pas toujours les mêmes qui bataillent pour défendre nos intérêts.
  • Quel a été le déclic qui t’a donné envie de te lancer dans la traduction ou l’adaptation audiovisuelle ?

J’ai découvert la traduction de BD et le sous-titrage en ERASMUS à Berlin en 1999, puis je me suis penché sur le doublage. Après avoir comparé la version allemande d’Astérix et Obélix mission Cléopâtre avec sa version française pour un devoir de fac, je me suis rendu compte qu’écrire un doublage, c’était faire respirer un texte, le rendre vivant. C’était là le déclic.

  • Quel projet a constitué pour toi le plus grand défi technique, artistique ou humain ?

La plus dur, ça a été Billions. J’écrivais 3 à 4mn/jour. Parler comme un trader, ça a été un gros travail sur moi… En 2000, j’ai vu une comédie en Allemagne ; « Im Juli » et je m’étais dit que j’aurais adoré écrire la VF. Je l’ai écrite 20 ans plus tard. « Nightrain to Lisbon » et « We need to talk about Kevin » ont été deux très beaux challenges, ça jouait fort et intense, c’était très bien écrit. Deux styles très différents, mais dans les deux cas, il y avait une atmosphère et des identités spécifiques à recréer dans la VF. Sinon j’ai longtemps écrit « Les enquêtes de Murdoch », c’était devenu mon rendez-vous annuel avec le français de la fin du 19e. Ça me manque 😊The Jackal et Task ont aussi été deux superbes projets, un jeu intense à faire passer, des personnages « très vrais » et le tout écrit en binôme avec ma compagne. Le genre de projet qu’on se souhaite tous les jours.

  • Y a-t-il une scène, une réplique ou un dialogue que tu as traduit/adapté et dont tu te souviendras toujours ?

J’ai adapté « The Misfits » avec Fanny Béraud, on travaillait dans les locaux de Nice Fellow. On s’interrompait régulièrement pour se proposer nos trouvailles. Le script VO était salé, on s’est franchement marrés à les écrire ! Il y a aussi une réplique de l’adaptation d’un bestseller allemand « La Catin » qui avait été citée dans je ne sais plus quel journal : « Si de par ma bouche, vous deviez atteindre le plaisir je veux que par la vôtre, justice soit faite. » Ça ne vaut pas « On ne laisse pas bébé dans un coin » mais c’était une petite victoire quand même.

  • Comment as-tu su que c’était le bon moment pour rejoindre le CA ?

Me concernant, ce n’était pas le bon moment, mais ça fait des années que je vois l’ATAA présente dans tous les débats qui comptent pour notre profession. Ils fédèrent, ils écoutent, ils répondent, ils ne s’emportent pas, et pourtant, il y aurait souvent de quoi… Ce sont des adaptatrices et adaptateurs qui offrent leur temps pour la communauté. Ils doivent travailler à côté, comme nous tous. Aujourd’hui, ils occupent une place centrale dans le paysage du doublage et je suis convaincu que leur action est nécessaire. Ils ont répondu présents à chaque fois que la profession a eu besoin d’eux, ils sont devenus un intermédiaire précieux entre les clients, les institutions et nous. Mon année a été plus chargée que je ne le pensais et je n’ai pas pu leur fournir l’aide que je souhaitais. Pas de reproche, pas de pression. Ils ont été supers. J’espère que je pourrai me rendre utile plus tard… histoire que ce ne soit pas toujours les mêmes qui bataillent pour défendre nos intérêts.

  • Quelle expérience ou expertise personnelle aimerais-tu mettre davantage au service de l’ATAA dans les mois à venir ?

J’ai pris part aux revendications concernant les rémunérations il y a quelques années et c’est un sujet que j’aimerais suivre. La vie augmente, on nous refuse une augmentation nécessaire. On ne peut pas se contenter d’un non.

  • Qu’as-tu découvert sur l’association ou sur le métier en intégrant le CA, que tu ne soupçonnais pas avant ?

Je n’avais pas correctement évalué l’investissement de chacun pour que la machine fonctionne. Certains membres du CA ont des connaissances pointues et précieuses dans des domaines dont on a besoin, des thématiques qui sont très floues pour moi. L’ATAA regroupe des adaptateurs de sous-titrage et de doublage, le travail est fait dans l’échange avec beaucoup de bon sens et d’écoute. Quand je vois le travail qu’ils fournissent par pur altruisme, je suis épaté de voir les trésors de patience dont ils font preuve face à certaines situations.

  • Quel changement récent dans le secteur te semble le plus déterminant pour notre avenir ?

Le changement récent le plus important, ça a été l’augmentation de notre rémunération. C’est un sujet crucial. Ça n’avait pas bougé depuis 20 ans ! Il est fondamental de valoriser notre travail, et si on arrive à se faire augmenter, c’est qu’on aura réussi à se faire entendre. On a montré que c’était possible.

Sinon, la réponse la plus évidente, c’est l’IA, mais de ce que j’en vois, je pense qu’il lui faudra encore longtemps pour disposer de notre capacité à créer l’illusion. Et avec un peu de chance, ça n’arrivera pas.

  • Quelle est la meilleure leçon que tu aies apprise depuis tes débuts, et que tu aimerais transmettre aux nouvelles et nouveaux arrivant·es ?

La profession étant ce qu’elle est, je voudrais qu’il y ait moins de nouveaux arrivants. Ça fait probablement de moi un vieux con, mais on ressent un engorgement. Trop d’adaptateurs / trices et pas assez de projets. Pour tous ceux qui vont vers ce métier par passion, je leur dirais que pouvoir mettre ses tripes dans un texte est une expérience très enrichissante et qu’un aussi beau métier mérite d’être protégé. Je leur dirais d’être solidaire, de se penser comme les membres d’un groupe. Tout ce qu’on cède, c’est notre branche qui en fait les frais. Refusez de travailler sous les 28€ qui ont été obtenus, refusez de faire votre détection si elle n’est pas payée en salaire, refusez de faire des vérif non-payées. « Je ne savais pas » n’est pas une réponse. Quand on se lance dans un métier, on se renseigne sur son fonctionnement.

Rencontre avec le jury 2025 du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Cristina Fernandez, Cécile Piot, Pauline Lelièvre, Lola Wagner et Isabelle Brulant

Isabelle Brulant, traductrice (lauréate du Prix documentaires 2024)

Cristina Fernandez, traductrice (finaliste du Prix documentaires 2024)

Pauline Lelièvre, traductrice et directrice artistique

Cécile Piot, responsable accessibilité chez Vectracom

Lola Wagner, traductrice (mention spéciale du Prix documentaires 2024)


  • Que vous a apporté cette expérience de jurée ?

Lola Wagner : C’était tellement intéressant ! J’ai eu l’impression de retourner à l’école et de travailler sur des études de cas. L’accès à la VO nous a donné l’occasion de comparer différentes techniques de traduction. J’ai été profondément impressionnée par une adaptation en compétition, dont le texte – entièrement réécrit – était devenu si fluide et imprégné de la patte de l’autrice. Depuis, je me sens moins frileuse à l’idée d’adopter cette technique qui consiste à s’éloigner du texte source, et à ne garder que le contenu factuel pour réécrire des passages qui l’exigent. C’est une approche que je m’étais toujours interdite, de crainte que mes clients me reprochent de ne pas respecter la VO. Mais, n’est-il pas plus intéressant de donner une identité au texte ? Selon moi, c’est ce qui peut faire la différence ou le tri entre les meilleur.es auteurices et les autres : la personnalité et le ton donnés à une traduction. Or, ce n’est pas à la portée de toustes. Je suppose que certain.es adaptateurices de fiction sont reconnaissables à leur style, et qu’iels sont justement recherché.es pour cette qualité…

Pauline Lelièvre : L’exercice de jurée m’a fait me remettre en question. En tant que DA, je vois passer beaucoup de textes, mais je ne les étudie pas, ni ne scrute les détails. En tant que jurées, nous avons dû travailler sur la démarche d’écriture, nous interroger sur la meilleure manière de traduire certaines phrases et sur les choix de certaines formulations. Désormais, je pose un œil différent sur les textes. Cela va influencer mon activité de directrice artistique.

Cristina Fernandez : Personnellement, cela m’a donné l’occasion de prendre du recul. Je traduis depuis maintenant 18 ans, pourtant l’exercice de jurée m’a fait me rendre compte d'une autre manière combien l’adaptation s’avère un travail difficile, une discipline ardue. J’ai ressenti de l’empathie pour le travail de mes collègues, et peut-être pour moi-même. Notre métier, passionnant et fascinant, requiert une grande exigence pour rendre la beauté et la poésie à un texte traduit. En voice over, notamment, il faut vraiment respecter le rythme de la langue de la VO, travailler le phrasé et la mélodie d’un texte.

Cécile Piot : Être jurée a été une expérience extraordinaire, intellectuellement beaucoup plus compliquée que ce que j’avais imaginé. Quel enrichissement d’échanger avec des professionnelles qui n’ont pas les mêmes références que moi ! Aujourd’hui, je ressens encore plus d’humilité et de respect pour le talent de mes co-jurées et des adaptateurices en compétition. De par mon métier, j’ai surtout porté mon attention sur la version française. Mon anglais n’est pas assez pointu pour juger chaque détail et je n’ai pas la prétention de saisir chaque formule idiomatique, alors que mes co-jurées étaient des killeuses d’une précision extraordinaire : sur 840 sous-titres, elles étaient capables de détecter la moindre coquille, ou erreur d’accord, sans parler évidemment des approximations et des contresens. Pour les programmes non anglophones, le comité de sélection a fait un gros travail de vérification en amont et je m’assurais principalement que l’ensemble du documentaire était compréhensible.

  • Si vous postuliez au Prix de l'ATAA, quel documentaire proposeriez-vous ?

Pauline Lelièvre : Je présenterais un programme dont je suis fière, à la thématique intéressante et auquel j’aurais pu donner une voix, un ton et ma patte personnelle. En bref, un programme sur lequel on sentirait mon empreinte. Ou bien je choisirais un programme dont la VO est catastrophique, comme ce documentaire sur le Titanic que j’avais entièrement dû réécrire en raison d’intervenants peu habitués aux interviews, commençant des phrases sans jamais les finir, et totalement confus… J’avais repris l’ensemble des informations du programme et tout réorganisé afin de rendre le contenu compréhensible.

Journaldécembre 2025

Vie de l'ATAA
03/12Portes ouvertes

Marielle Lemarchand remporte le Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2025

Jeudi 6 novembre 2025, lors de sa cérémonie annuelle, le jury du Prix ATAA de la traduction de documentaires audiovisuels a récompensé Marielle Lemarchand pour son adaptation irréprochable de Pompéi, ses nouveaux secrets (Arte). Une récompense d’autant plus méritée que le Prix connaît pour sa 8ème édition, un succès inédit avec une cinquantaine de candidatures. La cérémonie, moment de rassemblement professionnel, a également été l’occasion pour le collectif voice-over de présenter les résultats de son enquête sur l’évolution des rémunérations depuis 2000. Mais avant cela, place à quelques chiffres positifs !

Cinquante documentaires, 12 diffuseurs, 17 labos, 2 938 minutes de visionnage ! Les organisatrices du Prix, Madeleine Lombard, Adrienne Golzio et Marie Bocquet se sont félicitées d’un tel succès. Cette année, les candidatures ont quasiment doublé. Faut-il y voir une réponse à l’injonction d’Isabelle Miller, vice-présidente de l’ATAA, encourageant les auteurices à mettre en valeur leur travail ? Ou à l’appel du comité d’organisation incitant les candidatures en documentaire sous-titré ? Toujours est-il que l’arrivée de HBO Max dans le paysage audiovisuel français a eu un effet amplificateur sur le nombre de programmes candidats… Grâce aux binômes de prévisionnage, la sélection s’est affinée afin de ne soumettre que 15 documentaires au jury, composé cette année d’Isabelle Brulant, traductrice (lauréate Prix documentaire 2024), Cristina Fernandez, traductrice (finaliste Prix documentaire 2024), Pauline Lelièvre, traductrice et directrice artistique, Cécile Piot, responsable accessibilité chez Vectracom, et de Lola Wagner, traductrice (mention spéciale Prix documentaire 2024).

Le jury : Cristina Fernandez, Cécile Piot, Pauline Lelièvre, Lola Wagner et Isabelle Brulant

Irréprochable ! C’est dans ces termes que ce même jury a salué l’adaptation de Marielle Lemarchand du documentaire Pompéi, ses nouveaux secrets, épisode 1 "Des corps et des vies". Plus naturelle que la VO, la version française a fait preuve d’une maîtrise totale et d’une grande créativité. Quand nécessaire, Marielle a su s’éloigner de l’original avec dextérité. Le texte technique – du fait des termes d’archéologie et de volcanologie – n’a pas fait obstacle à une narration vivante et poétique, laissant transparaître la personnalité des intervenants et la justesse de leurs émotions.

Finaliste, Laurence Dupin a livré une adaptation inspirée et vivante du documentaire Luigi Nono, le son de l’utopie (Arte), consacré à ce compositeur italien des années 50. Savant jonglage entre allemand et italien, entre sous-titrage et voice-over, le texte s’avère empreint de musicalité et de poésie. Il aura aussi fallu du talent pour retrouver les termes de musicologie, ainsi que certains poètes inconnus de l’Allemagne du XVIIe siècle ; et rendre tous ces propos avec rigueur et précision.

Sur un sujet tout aussi confidentiel, Danielle Marques s’est distinguée par sa traduction de Miúcha, la voix de la bossa nova (Arte), documentaire racontant la vie de la chanteuse compositrice brésilienne Heloísa Maria Buarque de Hollanda. Moment de pur bonheur, la version française de Danielle a su entraîner le spectateur dans ce programme à la fois artistique et psychédélique, et su faire entendre toute la rage et la détermination de cette femme décidée à exister dans un univers d’hommes à l’égo surdimensionné.

Laurence Dupin, Marielle Lemarchand et Danielle Marques

« Surdimensionné » serait bien impropre pour qualifier les rémunérations pratiquées en traduction voice-over. C’est la conclusion du collectif voice-over – constitué d’Isabelle Brulant, de Marion Chesné et de Pauline Lelièvre – qui après plusieurs mois d’enquête, a présenté un état des lieux des tarifs en voice-over. Leur volonté était de disposer de chiffres concrets sur l’évolution des rémunérations entre 2000 et 2025 auprès de 6 grands groupes de diffusion, à savoir Discovery, Canal, M6, TF1, RMC et Disney, et auprès des 27 labos prestataires [en 2025, seuls 17 existent toujours]. La conclusion s’avère sans appel : aujourd’hui, entre l’augmentation du coût de la vie et la baisse des rémunérations, les adaptateurices de voice-over doivent travailler deux fois plus pour se payer un plein de carburant. En outre, la profession connaît aujourd’hui des périodes d’inactivité de plus en plus fréquentes et des retards de paiement créant une grande instabilité financière ne permettant plus à beaucoup de vivre de leur activité. Le collectif recommande aujourd’hui de proscrire les rémunérations au forfait trop souvent défavorables, au profit du tarif à la minute et au feuillet, et de généraliser les avances, avec pour objectif de ne pas être réduits à une variable d’ajustement. Enfin, un débat est aujourd’hui lancé sur la possibilité de mettre en place un revenu de remplacement.

Présentation du collectif voice over
Le collectif voice over : Isabelle Brulant, Marion Chesné, Pauline Lelièvre

Sur une note plus optimiste, Franck Laplanche, directeur général adjoint de la Scam a annoncé qu’un accord venait d’être signé avec Apple TV, et que d’autres suivraient très probablement, tels que Paramount ou Universal. Et bien que les négociations avec les diffuseurs prennent du temps, les droits à percevoir demeurent rétroactifs, à l’instar de Netflix qui avait dû s’acquitter de 5 années d’arriérés. Et même si « scam » signifie « arnaque » en anglais, et que cette blague a tordu de rire les représentants de Meta lors d’une première rencontre, tous restent contraints de signer un accord1.

L’arrivée de la SVOD, comme celle des chaînes thématiques à leur époque, a constitué une révolution pour la profession dont les effets se font encore sentir. En 2024, sur les 758 traducteurs ayant perçu des droits, 337 avaient travaillé pour Netflix. Aujourd’hui, les droits versés par la Scam ont augmenté de 30 % lesquels proviennent des plateformes. La SVOD a également constitué une révolution pour la Scam, qui s’est retrouvée – de manière tout à fait inédite – à négocier avec ces grands acteurs internationaux. Aussi, la formule d’accueil de Rémi Lainé, ancien président de la Scam, s’avère plus que jamais appropriée : « Bienvenue chez vous ! »2

Franck Laplanche, directeur-général adjoint de la Scam

Crédit photo : Brett Walsh

Journalnovembre 2025

Prix ATAA
06/11Prix ATAA de l'adaptation de documentaire à la SCAM

Journaloctobre 2025

Institutions
23/10Rendez-vous ATAA - SCAM
Associations soeurs
20/10Réunion de l'AVTE
Vie de l'ATAA
18/10Point contact
Cinéma
17/10Participation à la table ronde L’I.A. pour le sous-titrage et le doublage des films de patrimoine, Marché International du Film Classique
Associations soeurs
13/10Rendez-vous avec la CST et la FICAM
Vie de l'ATAA
13/10Matin : réunion du conseil d'administration
Associations soeurs
06/10Réunion de l'AVTE
Associations soeurs
02/10Réunion du groupement audiovisuel au SNAC

On arrête quand le foutage de gueule ?

La place de l'auteur dans l'audiovisuel est pour le moins ingrate et les traductrices et traducteurs spécialisé·es en doublage, sous-titrage et voice over font les frais d'un nombre incalculable de crasses au cours de leur carrière.

Procédons à quelques rappels de base, liste non exhaustive.

Rappelons le principe de base qui régit la relation commerciale entre un auteur et son client (prestataire technique, producteur, diffuseur...) : l’auteur n’est PAS un salarié, ni un employé à qui l’on impose des conditions, c’est un INDÉPENDANT avec qui on négocie.

  • Lui imposer un tarif : NON

L'auteur est un indépendant et en tant que tel, c’est à lui de fixer son tarif. Qui entre dans une boulangerie et balance à la figure de l'artisan-boulanger une pièce de 50 centimes pour lui acheter une tartelette à la framboise ?

  • Lui imposer un tarif sorti de derrière les fagots ou qui correspond à ce qui se pratiquait il y a 15 ou 20 ans : NON

Un auteur est souvent diplômé Bac+5 et doit faire des recherches dans plein de domaines différents, en plus de mettre son talent d’écriture au service de l’œuvre qu'on lui confie. Le savoir, l’expérience, le temps, ça se paie. Sans compter le coût de la vie qui augmente…

  • Rémunérer un travail qui doit être fait en urgence, le weekend, dans de mauvaises conditions (sans script, etc.) sans revalorisation : NON

L’auteur peut accepter de dépanner son client, mais quand les conditions professionnelles ne sont pas réunies, il faut payer plus, c’est NOR-MAL !

Journalseptembre 2025

Relations avec les clients
29/09Rendez-vous avec Transperfect (Arte en six langues)
Associations soeurs
29/09Réunion de l'AVTE
Institutions
29/09Réunion de concertation dialogue social, ministère de la Culture
Associations soeurs
22/09Réunion de l'AVTE
Institutions
16/09Conseil d'administration et assemblée générale extraordinaire de la SSAA
Institutions
15/09Rendez-vous avec la SACEM
Associations soeurs
15/09Réunion de l'AVTE
Associations soeurs
08/09Réunion de rentrée intersyndicale
Vie de l'ATAA
01/09Réunion du conseil d'aministration

Un pluriel bien singulier

"Why are they awake?" demande l'enquêtrice. Nous sommes dans la série Flashforward (2009). La population de la planète entière a perdu connaissance au même instant pendant 2 minutes et 17 secondes. Dans le premier épisode, des agents scrutent des images de télésurveillance : lors du black-out collectif, une silhouette déambule dans les gradins d'un stade au milieu d'une foule de spectateurs inanimés. Les images sont de qualité médiocre, mais il est évident qu'il s'agit d'une seule personne. Alors, pourquoi l'actrice dit-elle "they" ? (1)

Cette réplique m'avait déjà interpellée lors du premier visionnage de cette série, revue un peu par hasard récemment. C'était la première fois que je remarquais un exemple flagrant de cet emploi du they singulier.

Contrairement à ce que pourraient croire les non-anglophones, l'emploi du they singulier n'est pas réservé aux personnes qui se choisissent un pronom non genré. Il est maintenant couramment utilisé quand on ignore le sexe de la personne dont on parle, ou lorsqu'on veut préserver le mystère sur son identité, ce qui est pratique dans le contexte d'énigmes policières.

Cet emploi généralisé devenu banal est assez récent pour que son apparition m'ait interpellée comme une nouveauté. D'ailleurs, ce they incongru et déstabilisant que l’on est tenté de traduire par un pluriel vous a peut-être dérouté. Ce fut mon cas. Et la question de dater cette apparition et la généralisation de son usage s'est donc logiquement posée. D'où l'initiation d'un processus de prise de notes et donc de vérification de dates, qui s'est engagé de façon un peu erratique au début et plus systématique ensuite. Je voulais en partager le résultat ici.

Rencontre avec Laure-Hélène Césari

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu un prix ATAA pour l’adaptation de la série Brassic dont l’une des principales difficultés est le langage argotique. Avant la création d’Urban dictionary et d’autres outils en ligne, comment aurait-il été possible de traduire Brassic ?

Je pense qu’il aurait fallu un contact en Angleterre pour valider le sens de certaines phrases. D’autant que les personnages de Brassic bidouillent différentes expressions. Grâce à Urban dictionary, il est possible de retrouver des doubles, voire des triples sens. Ces personnages très vivants, qui parlent entre eux de manière codée, sont un véritable challenge à traduire, mais j’adore ça ! On vit vraiment avec eux. On est témoin de leur vie de tous les jours. J’aime aller chercher le terme le plus précis possible, sans que cela soit trop daté afin que la série puisse être regardée dans le temps, et sans perdre le spectateur en utilisant des expressions inconnues.

Peut-être qu’à une certaine époque, une telle série n’aurait jamais été diffusée à l’international. Il s’agit d’un programme atypique, pas du tout mainstream. Même aujourd’hui, peu de gens la connaissent autour de moi. Il faut dire que cette série déjantée à l’humour scatophile n’est pas très engageante de prime abord. Il faut s’y plonger. Avec Mona [Guirguis, co-lauréate du prix ATAA], nous en avons bavé sur la première saison. Il a fallu trouver nos marques. Personnellement, je me suis constitué un fichier Excel avec une série d’insultes, de petites phrases d’argot, ou d’expressions, qui reviennent souvent et pour lesquelles il faut varier les traductions. Il a fallu aller chercher des expressions françaises un peu détournées, mais tout aussi fleuries. De ce point de vue, le dictionnaire Bob est aussi extrêmement pratique.

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Anne Fombeurre

Lauréate du Prix de l’adaptation en doublage d’un film d’animation

Vous avez reçu un prix ATAA pour les dialogues français de Marcel, le coquillage (avec ses chaussures), écrits en collaboration avec Abel-Antoine Vial. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Le soir-même, je me suis sentie euphorique. Même si la vie quotidienne a vite repris le dessus, j’étais très heureuse de recevoir ce prix. En déclarant que le film semblait avoir été écrit en français, le jury nous a fait l’un des plus beaux compliments. Après la cérémonie, j’ai loué le film en VOD et ai regardé le début pour me replonger dans l’univers de ce petit personnage. J’espérais y retrouver le phrasé naturel et la sensation ressentie par les membres du jury.

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Mona Guirguis

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu le Prix ATAA pour l’adaptation de la saison 5 de Brassic dont vous avez traduit les 6 saisons avec Laure-Hélène Césari. Peut-on qualifier cette série de trash ?

En effet, cette série n’est pas à mettre entre toutes les mains. Brassic n’a aucune limite tant en termes d’images – on y voit du sang, des viscères, des morts qui explosent, etc. – que de vocabulaire. De prime abord, il s’agit d’un programme purement humoristique. On y suit les aventures de Vinnie et de sa bande de bras cassés. Bipolaire, il vit seul dans une caravane au milieu de la forêt, où il cultive du cannabis pour survivre. Lors d’une deuxième lecture, cette série s’avère plus profonde : on y découvre une fine observation des laissés-pour-compte de la société anglaise, une réflexion sur l’amitié, l’amour et l’humain en général. Les dialogues traitent également des traumas de l’enfance, des ravages de l’alcool, mais tout cela alors qu’un personnage a un bras enfoncé dans l’anus d’une vache…

Crédit photo : Brett Walsh