Journalmars 2025

Associations soeurs
13/039h30 Réunion du groupement doublage - sous-titrage du SNAC pour établir le référentiel tarifaire
Institutions
11/03Conseil d'administration de la SSAA

Contre-sommet IA

Réfléchir à Un humanisme de notre temps.

Alors que Paris accueillait un sommet international sur l’intelligence artificielle qui a fait grand bruit, des chercheurs, des enseignants, des artistes, des auteurs, des philosophes, des créateurs, des comédiens ont choisi de se réunir pour réfléchir à Un humanisme de notre temps. L'ATAA y était, pour s'informer, écouter les témoignages, réagir et échanger avec les intervenants et les spectateurs. L'enjeu, l'urgence, nous dit Éric Sadin, philosophe et organisateur de l'événement, en préambule, est de "démonter la doxa", de dévoiler la grande supercherie. Alors c'est parti.

Dès la première table ronde, Guillaume Pitron, journaliste, rappelle ainsi que l'IA, présentée comme virtuelle et immatérielle, a en réalité des effets matériels tout à fait concrets, délétères pour l'environnement, la situation géopolitique et les droits de l'homme. Son développement n'est pas gratuit, il représente un coût considérable du fait de l'extraction de métaux rares, de la consommation d'énergie et d'eau des centres de données et serveurs, de la pollution qu'il génère. Au Congo, par exemple, le coltan est souvent extrait du sol par des enfants, dans un climat de tension et de pression favorables à la violation de droits fondamentaux. Les enjeux financiers sont tels que l'équilibre politique de toute la région, déjà précaire, est totalement bouleversé.

Journalfévrier 2025

International
24/02Réunion hebdomadaire de l'AVTE
Vie de l'ATAA
24/0215 h - conseil d'administration de l'ATAA
International
17/02Réunion hebdomadaire de l'AVTE
Relations avec les clients
12/02Rendez-vous périodique avec Netflix
International
10/02Réunion hebdomadaire de l'AVTE
Associations soeurs
10/02Contre sommet IA au théâtre de la Concorde
Institutions
06/02Réunion intersyndicale au ministère de la Culture sur le RSA
International
03/02Réunion hebdomadaire de l'AVTE
Institutions
03/02Rendez-vous avec le CNC, en présence des Voix, du SFA, du SNAC, de l'UPAD

8e édition - Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Appel à candidatures : du 1er au 28 février 2025

En février, on pense documentaires ! Et plus précisément, traduction de documentaires.

Le Prix de la traduction de documentaires audiovisuels, organisé en partenariat avec la Scam, s’intéresse à ceux et celles qui, par leur travail, rendent accessibles les programmes étrangers au public français : les traducteurs et traductrices de documentaires. Tout sous-titres, voice-over, technique mixte, docu-fiction adapté en doublage…

Du 1er au 28 février 2025, vous pouvez soumettre votre candidature au comité d’organisation, qui effectuera une sélection à soumettre au jury. La cérémonie de remise du prix aura lieu à l’automne 2025.

Comment participer ?

Pour vérifier que votre candidature répond aux critères du Prix, n’hésitez pas à consulter l'appel à candidatures et le règlement de l’édition 2025. Les candidatures concernent les documentaires diffusés à la télévision et sur plateformes entre le 1er mars 2024 et le 28 février 2025.

À noter : la présence d’une membre du jury travaillant chez Vectracom exclura pour cette édition les adaptations réalisées pour ce laboratoire.

Pour postuler, rendez-vous sur le formulaire en ligne. Vous pourrez joindre les éléments (vidéos et scripts VO et VF) en suivant un lien à la fin du formulaire.

Si vous souhaitez participer, mais que vous avez des difficultés à vous procurer les éléments manquants (la vidéo VF/VOST, notamment), pensez à déposer votre candidature avant la date-butoir : vous pourrez toujours nous envoyer les éléments ensuite.

En cas de doute sur la validité ou la pertinence d’une candidature, n’hésitez pas à nous écrire : prix-documentaire@ataa.fr

Rencontre avec le jury 2024 du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Mélanie Bréda, traductrice de l’audiovisuel, finaliste 2019 du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Caroline Cadrieu, directrice artistique, comédienne et autrice d’audiodescriptions

Claudia Faes, traductrice de l’audiovisuel, lauréate 2023 du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Caroline Franck, responsable de site chez EVA Strasbourg

Marine Héligon, traductrice de l’audiovisuel

Quelle relation entretenez-vous avec les prix ATAA ?

Marine Héligon : Je suis une inconditionnelle des Prix ATAA. Depuis leur création, j’ai assisté à toutes les cérémonies, tant pour les Prix fiction que pour les Prix documentaires. Ce sont des moments rares et précieux. J’étais aussi présente le jour de la création de l’ATAA, même si ma contribution est restée minime. De manière tout à fait inattendue, j’ai été finaliste en 2014 du Prix de l’adaptation d’un film anglophone – époque où le Prix de la traduction de documentaires n’existait pas encore – pour Free Angela, un docu-biopic sur Angela Davis diffusé au cinéma. Quelle fierté pour moi ! J’étais persuadée que je ne recevrais pas le Prix compte tenu de son caractère atypique, néanmoins j’étais comblée que mon travail ait été reconnu.

Caroline Franck : À EVA Strasbourg, nous sommes également très proches du Prix documentaires. Arte est notre principal client – lequel représente près de 90% de notre activité – et depuis des années, nous recommandons à nos adaptateurs et adaptatrices quels programmes soumettre au comité d’organisation. Certains ont été retenus parmi les finalistes, tandis que d’autres ont remporté le Prix. Avec trois finalistes en 2023, je trouvais nécessaire que notre labo ne soit pas omniprésent. C’est ainsi que j’ai suggéré ma candidature en tant que jurée à Jean Bertrand [être juré rend inéligibles les œuvres du laboratoire, ndlr]. Ayant une formation initiale de traductrice, j’étais aussi intéressée par cet exercice intellectuel, et y voyais l’opportunité de découvrir des documentaires différents de ceux que je gère au quotidien pour Arte.

Caroline Cadrieu : À l’inverse de Caroline, je ne connaissais pas l’existence des prix ATAA. En 2022, les organisatrices du Prix m’ont invitée à la cérémonie pour avoir fait la direction artistique de deux documentaires finalistes. En effet, j’avais collaboré avec Marie Laroussinie et Christophe Elson pour Derrière nos écrans de fumée, et avec Elsa Vandaele pour Seaspiracy, tous récompensés, respectivement du Prix et d’une Mention spéciale.

Mélanie Bréda : Pour ma part, j’ai été finaliste en 2019 pour mon adaptation de Fin de partie : repenser la vie et la mort. Le studio m’avait encouragée à postuler et j'avais accepté. Même si à titre personnel, je ne pensais pas mériter un prix pour mon travail sur ce programme moins dense et moins technique que les autres œuvres finalistes. Bien qu'aujourd'hui, je me consacre principalement au doublage et au sous-titrage de fictions, j'ai traduit de nombreux documentaires au cours de ma carrière. Je me sentais donc prête à relever ce défi et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai accepté d’être jurée pour l’ATAA.

Caroline Franck et Claudia Faes

Lenny Borger, translating to love more

By Nadia Meflah. Interview conducted in Paris, January 2020

Copyright, Nadia Melfah
“A film is like a novel: you have to translate it for each new generation” Lenny Borger

When Lenny Borger arrived in Paris in the mid-1970s, this young New Yorker from Brooklyn brought with him a love of the French language.

This language, so foreign to him, enchanted his ears when, as a young boy, he discovered, almost in real time, the songs of Jean Ferrat, Léo Ferré and Jacques Brel. The rhythm, like the poetry of the lyrics, would have a lasting effect on him.

It was this unique love that led him to leave the United States for France. And what does an American do in Paris when he also loves the movies? In addition to becoming a frequent moviegoer and visitor to the Cinémathèque française, Lenny became a film critic for Variety, the leading American entertainment newspaper, a position he held until the early 1990s. But translating French films really allowed his mastery and knowledge of the subtleties of the language of both Molière and Shakespeare to shine.

In 1980, Bertrand Tavernier asked him to subtitle his film Une semaine de vacances, starring Nathalie Baye and Gérard Lanvin. It was the start of a long career during which Lenny Borger would translate over a hundred French films into English, with a particular predilection for the cinema of the interwar period. Marcel Carné, Jean Renoir, Julien Duvivier, Henri-Georges Clouzot, Robert Bresson, Georges Franju, Luis Buñuel, but also Jean-Pierre Melville, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Claude Sautet, Patrick Chéreau, among many others.

Welcoming us into his Parisian apartment next door to the Grand Rex, Lenny recalls his work with words and how it served French cinema.

At the start of 2020, the Cinémathèque française paid tribute to Jean-Luc Godard. You've worked with him and translated some of his films. Which ones?

In the 2000s, Criterion asked me to translate Jean-Luc Godard's classic period, the films of the 1960s. À bout de Souffle was a gem for any translator, as it's a film with an enormous number of puns, some of them very funny. In fact, I'd found a linguistic trick in English for the phrase: “T'es vraiment dégueulasse” / “You make me puke”. When I did the translation, I looked at what had been done before. It has to be said that not everything was well translated, it was much more succinct, we didn't really try to convey the flavor of the dialogue, it was still quite literal.

And then, how can we fail to mention one of the worst puns in his entire filmography, with his film Une femme est une femme (1961)? Anna Karina's last line gave me a hard time. Jean Claude Brialy and Anna Karina are in bed together, and he says to her: “Angela, you're infamous”, to which she replies: “Me? I'm not infamous, I'm a woman”. I found the equivalent in English: he says “Damn you, Angela!” She replies: “No, a dame me”.

When the film was to be re-released in America, I worked alone on it. It was at the Malakoff studio. I remember that Jean-Luc Godard's sister was present in the lab when I wrote that last sentence. I had asked her to come, as I was having translation problems. Much later, Anne-Marie Miéville, with whom I'd had the opportunity to work while working on his films, recommended that I work with him again on Éloge de l'amour.

My colleague Cynthia Schoch and I translated the film, which is a bit of an oddity. It went perfectly. He invited us to see the film at his home in Switzerland. I remember I was a bit grumpy. I didn't want to travel so far for a job I'd be doing in the Paris region anyway. Nevertheless, we took the train to Lausanne, and then a bus to Rolle. He made us feel very welcome and was very friendly, as was Anne-Marie Miéville. It was quite a funny experience. The day after the Cannes premiere in May 2001, he called to tell me how pleased he was with the subtitles. I think I should have stopped there, because after that it got a bit more complicated. With Notre musique, everything became a little more complex, with several languages to translate. But above all, he didn't want everything to be translated.

Lenny Borger, traduire pour aimer davantage

Par Nadia Meflah. Entretien réalisé à Paris, en janvier 2020, avec la collaboration de Glenn Myrent. Publié suite à la disparition de Lenny Borger, le 23 décembre 2024.

Copyright, Nadia Melfah
« Un film est comme un roman, il faut le traduire à chaque nouvelle génération » Lenny Borger

Lorsque Lenny Borger débarque à Paris au milieu des années 1970, ce jeune New-Yorkais de Brooklyn porte déjà en lui l’amour de la langue française.

Cette langue, si étrangère, enchante ses oreilles lorsque, jeune adolescent, il découvre, quasi en direct, les textes chantés de Jean Ferrat, Léo Ferré ou de Jacques Brel. Le rythme, comme la poésie des paroles, vont durablement s’inscrire en lui.

C’est cet amour, unique, qui l’amènera à quitter les États-Unis pour la France. Et que fait un Américain à Paris lorsqu’il aime aussi le cinéma ? Outre fréquenter la Cinémathèque française et les salles obscures, Lenny devient alors critique pour le journal américain de référence, Variety, poste qu’il occupera jusqu’au début des années 1990. Mais plus que l’activité journalistique, c’est véritablement dans la traduction des films français qu'il saura déployer toute sa maîtrise et connaissance des subtilités de la langue de Molière comme celle de Shakespeare.

En 1980, Bertrand Tavernier lui propose de faire le sous-titrage de son film Une semaine de vacances avec Nathalie Baye et Gérard Lanvin. C’est le début d’une longue carrière, au cours de laquelle Lenny Borger traduira en anglais plus d’une centaine de films français, avec une prédilection pour le cinéma de l’entre-deux-guerres. Marcel Carné, Jean Renoir, Julien Duvivier, Henri-Georges Clouzot, Robert Bresson, Georges Franju, Luis Buñuel, mais aussi Jean-Pierre Melville, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Claude Sautet, Patrick Chéreau, parmi tant d’autres.

Nous recevant chez lui, dans son appartement parisien mitoyen du Grand Rex, Lenny égrène quelques souvenirs de son travail des mots au service du cinéma.

En ce début d’année 2020, la Cinémathèque française rend hommage à Jean-Luc Godard. Vous avez traduit certains de ses films et même travaillé avec lui. Pour quels films ?

Dans les années 2000, Criterion m’avait demandé de traduire la période classique de Jean-Luc Godard, les films des années 1960. À bout de Souffle était un bijou pour tout traducteur, c’est un film qui comporte énormément de jeux de mots, certains très marrants. J’avais d’ailleurs trouvé une astuce linguistique en anglais pour la phrase : « T’es vraiment dégueulasse » / « You make me puke ». Quand j’ai fait ce travail de traduction, j’avais regardé ce qui avait été fait avant. Il faut préciser que tout n’était pas vraiment bien traduit, c’était bien plus succinct, on ne cherchait pas vraiment à transmettre la saveur du dialogue, ça restait tout de même assez littéral.

Et puis, comment ne pas évoquer l’un des pires jeux de mots dans toute sa filmographie, avec son film Une femme est une femme (1961) ? La dernière réplique d’Anna Karina m’a donné beaucoup de mal. Jean Claude Brialy et Anna Karina sont ensemble au lit, il lui dit : « Angela, tu es infâme », elle lui répond : « Moi ? Je ne suis pas infâme, je suis une femme ». J’ai trouvé l’équivalent en anglais avec : il lui dit « Damn you, Angela ! » Elle réplique : « No, a dame me ».

J’étais seul à faire ce travail, à l’occasion de la ressortie du film en Amérique. C’était au studio Malakoff ; je me souviens que la sœur de Jean-Luc Godard était présente au labo lorsque j’ai fait cette dernière phrase, je lui avais demandé de venir, car j’avais des problèmes de traduction. Bien plus tard, Anne-Marie Miéville, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler sur ses films, me recommande à nouveau pour travailler avec lui sur Éloge de l’amour.

Avec ma collègue Cynthia Schoch, nous avons traduit ce film, c’est un objet très curieux. Ça s’est passé parfaitement bien. Il nous avait invités à découvrir le film chez lui en Suisse. Je me souviens, j’étais un peu grincheux, je ne voulais pas me déplacer aussi loin pour un travail que je ferais de toute façon en région parisienne. On a tout de même pris le train jusqu’à Lausanne, et ensuite un bus pour Rolle. Il nous a vraiment bien reçus, il était très sympathique, comme Anne-Marie Miéville. C’était une expérience assez drôle. Le lendemain de la première à Cannes en mai 2001, il m’a appelé pour me dire combien il était content des sous-titres. J’aurais dû, je pense, arrêter là, car après ce fut un peu plus compliqué. Avec Notre musique, tout devenait un peu plus complexe, il y avait plusieurs langues à traduire. Mais surtout, il ne voulait pas que tout soit traduit.

Journaljanvier 2025

Vie de l'ATAA
31/01Premier conseil d'administration de l'exercice, élection du bureau
Associations soeurs
30/01Rendez-vous avec la SRF
Relations avec les clients
30/01Rendez-vous avec Netflix
Associations soeurs
28/01Réunion du groupement doublage - sous-titrage du SNAC
Associations soeurs
27/01AVTE - réunion hebdomadaire
Associations soeurs
20/01AVTE - réunion hebdomadaire
Associations soeurs
17/01Hackathon sur la proposition de projet de loi pour une continuité de revenus des artistes à la Maison de la Bretagne
Vie de l'ATAA
16/01Assemblée générale à 19h à la SCAM
Relations avec les clients
14/01Rendez-vous avec Digital Factory
Associations soeurs
13/01AVTE - réunion hebdomadaire
Associations soeurs
13/01Réunion intersyndicale rendez-vous et actions au sujet de la conditionnalité du RSA suite rendez-vous F.Benkimoun dysfonctionnement SSAA continuité de revenushackathon du 17 janvier à la Maison de la Bretagne sur la représentativité professionnelle et syndicale

Y a pas d'art dans l'IA

Une réflexion autour de l'IA et de son intrusion dans le monde de l'art

Bon, faut qu’on parle d’un truc que vous connaissez tous : l’IAG (Intelligence artificielle générative). C’est un terme un peu trompeur, utilisé pour qualifier un programme statistique qui engloutit un nombre incalculable de données qu’il a pillées un peu partout pour recracher une espèce de somme moyenne – voire approximative – de toutes ces données.

En fait, quand on parle d’IA en général, je trouve ça hyper pratique. Ça permet de faciliter le tri de certains logiciels, d’accélérer le traitement de données, de me donner une recette basée sur les aliments dans mon frigo, d’accélérer la manière qu’on a de travailler, de sortir des lignes de codes en quelques secondes pour créer des programmes de base sans rien y connaître en programmation : bref, ça peut être un superbe allié.

Mais – car oui, il y a un mais – je m’interroge sur l’utilité de cette fameuse IA dans le domaine de l’art. Et OK, c’est bluffant, on parvient à créer des images, des vidéos, de la musique, même à sortir des scénarios de ces programmes. On pourrait s’interroger sur la qualité de ces productions, mais ça n’est pas exactement l’objet de ma réflexion.

La question que je me pose c’est : pourquoi ?

Pourquoi je m’intéresserais à de l’art qui n’a pas été créé par un humain ? Pourquoi j’utiliserais mon temps de cerveau disponible pour regarder ou écouter quelque chose qui n’a pas été pensé par un être sensible ? Qui n’a jamais eu aucune expérience du monde physique ? Qui n’a pas souffert pour créer, qui n’a rien mis de lui-même dans son « œuvre » ?

Rencontre avec Lola Wagner

Mention spéciale du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels

Lors de la remise de votre récompense, vous êtes montée sur scène en clamant un tonitruant « Je ne suis pas qu’un physique ! » qui a enthousiasmé l’assistance. Quelle place prend l’humour dans votre vie ?

L’humour est mon principal trait de personnalité. Avec l’autodérision. Même dans les situations dramatiques, le rire me sert de rempart. J’aime que la vie soit drôle. Et je ne m’entoure que de gens dotés d’un grand sens de l’humour.

Préférez-vous les programmes légers aux sujets sérieux ?

J’aime traduire des programmes drôles pour pouvoir y mettre ma patte. Quand le narrateur d’une VO tente une blague totalement intraduisible, je fais le choix de placer un trait d’humour un peu plus loin dans le texte, afin de ne pas perdre le caractère humoristique du programme. Évidemment, ce sont des choix artistiques et subjectifs. Nous savons bien que « traduire, c’est trahir ». Il faut toujours trouver le bon équilibre. Cependant, les DA ou les relecteurs ont parfois tendance à me censurer : « Attention ! Ce n’est pas ce qui est dit dans la version originale. Il faut respecter le sens littéral. » Les labos craignent aussi la critique des chaînes qui préfèrent généralement une approche conventionnelle, quitte à s’éloigner du ton de la VO. Cependant, certains de mes clients ont compris mon humour et ma manière de travailler.

Parlez-nous de Food Factory, la série documentaire pour laquelle vous avez reçu une mention spéciale de la part du jury ATAA.

J’ai traduit une dizaine d’épisodes de Food Factory. On me l’avait vendue comme une série de petits 22 minutes faciles à adapter, pourtant ce programme n’a rien d’évident. Le débit de paroles est très rapide et chaque épisode m’a demandé une semaine de travail. Au début, j’ai passé un temps considérable sur des sites de vente ou sur des catalogues en ligne à rechercher des références de machines chinoises, et à identifier quelle petite pièce convient à quel moteur. Mais j’aime ce travail d’enquête.

Rencontre avec Isabelle Brulant

Lauréate du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2024

Félicitations pour votre prix ATAA !

Si vous ne l’aviez pas remporté, comment auriez-vous réagi ?

Si je n’avais pas gagné le prix, j’aurais applaudi poliment [rires]. J’aurais évidemment été déçue mais pas surprise, car je ne m’attendais pas à gagner. Avec des thématiques ultrapointues sur le monde de la boxe ou l’univers de la haute couture, je n’imaginais pas rivaliser avec les autres finalistes [respectivement Stanislas Raguenet & Cristina Fernandez et Isabelle Sassier, ndlr]. Je pensais même que Lola [Wagner] aurait remporté le prix, car Food Factory s’avère un programme compliqué. Je trouve positif qu’un épisode de téléréalité ait remporté une mention spéciale – comme Delphine Piquet en 2019 avec une série sur le quotidien d’une équipe de mécaniciens – car c’est représentatif d’une réalité de notre métier. Cette récompense démontre qu’il ne faut pas confondre la thématique d’un documentaire avec la difficulté de traduction et la qualité du travail de l’adaptateur. Notre secteur d’activité valorise peu la téléréalité car c’est un genre populaire, au contenu pas toujours intéressant. Pourtant, ces programmes très bavards peuvent nécessiter beaucoup de recherches et s’avérer très complexes à adapter. À l’inverse, un très beau documentaire animalier passera pour un programme prestige. Alors même qu’il s’agira d’une narration dotée de peu de mots, de quelques jolies phrases ponctuées de nombreux silences, et ne nécessitant que peu de recherches…

Cette échelle de valeur dans les programmes s’observe également au sein des professionnels de la traduction. Ceux qui font de la voice over sont dépréciés. Le doublage se situe tout en haut de la pyramide, au-dessus du sous-titrage, tandis que la voice over, perçue comme le travail d’adaptation le plus facile, est reléguée tout en bas de cette hiérarchie. Beaucoup dans le métier – DA, chargés de projets dans les labos, etc – refusent même les projets en voice over… Selon moi, il serait nécessaire d’entreprendre une revalorisation du documentaire. Par chance, Netflix a un peu changé la donne en nourrissant son catalogue de non-fiction. Précédemment, il n’y avait qu’Arte à s’illustrer véritablement dans ce domaine.

Lola Wagner (mention spéciale) et Isabelle Brulant

Journaldécembre 2024

Relations avec les clients
20/12Atelier voice over Netflix
Vie de l'ATAA
17/12Réunion du conseil d'administration
Associations soeurs
16/12Réunion AVTE
Institutions
13/12Participation au GIT
Institutions
10/12Conseil d'administration de la SSAA
Associations soeurs
09/12Réunion AVTE
Institutions
06/12Rendez-vous avec le CNC et les organisations du groupe pour une création humaine
Institutions
05/12Réunion avec le SNAC concernant la SSAA
Associations soeurs
03/1211h30 rassemblement doublage 19h assemblée générale intersyndicale doublage
Associations soeurs
02/12Réunion intersyndicale