Pour mettre en lumière nos métiers de l’ombre, nous inaugurons aujourd’hui un nouveau rendez-vous sur le blog : les portraits de traducteurs, membres de l’Ataa. La première à s’être prêtée à l’exercice est Virginie Bagot-Day, qu’elle en soit remerciée !
Nom : Bagot-Day
Prénom : Virginie
En exercice depuis : 1994
Ton parcours
J’ai débuté dans le sous-titrage en passant par la case repérage-simulation dans un gros labo. J’y suis restée 3 ans pour ensuite me lancer.
Ton premier bébé traductologique
Je crois que ma première adaptation était un mini documentaire sur Sharon Stone, j’étais fière, c’était pour Canal +. Ensuite, ma première série en solo, c’est Nip/Tuck. Lui, c’est vraiment mon bébé.
Une prise de tête mémorable
J’étais encore salariée, simulatrice. Un gros distributeur avait confié le sous-titrage d’un film, « une petite comédie » à une jeune traductrice. Nous avions fait la simu, tout le monde semblait satisfait. Et puis la « petite comédie » a fait un carton aux USA. Panique du distributeur : il demande à des traducteurs « chevronnés » de revoir les sous-titres de la traductrice et nous nous retrouvons tous dans mon bureau pour une deuxième simulation. Un cauchemar. J’ai fini en larmes, les traducteurs « chevronnés » cassaient sans cesse la jeune et moi au milieu, c’était terrible.
Un regret
J’ai commencé jeune, 22 ans, et je n’ai jamais su me vendre.
Une fierté
Les sous-titres d’un film à Cannes l’année où j’ai décidé de me lancer.
Une envie traductologique
Plus de films, je fais plutôt dans les séries. J’adore l’univers des ados, j’en ai deux à la maison ! Avec Journal d’une ado hors norme, je me régale, en collaboration avec Marie Legal-Manaï.
Une rencontre
Des rencontres, je dirais. Des instants magiques où l’on partage avec d’autres la joie de jouer avec les mots. Une journée de travail avec Ian Burley et Jean-Hughes Anglade.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
A 15 ans, j’allais voir tous les films que le cinéma de ma petite ville de province passait. Et j’adorais les langues. J’ai très vite eu envie de concilier le cinéma avec les langues. Et puis j’adore écrire, lire… je suis un rat de bibliothèque !
Ton regard sur la profession et son évolution
L’âge d’or est passé. Il y a 20 ans, il y avait un respect de notre travail. Aujourd’hui, on nous considère plus comme des robots, je pense.
Ton regard sur la « consommation » d’œuvres audiovisuelles
On consomme beaucoup d’images mais peu de gens font réellement attention à ceux qui travaillent dans l’ombre.
Un coup de gueule
La baisse des tarifs, la suppression des simulations dans les labos, les droits d’auteur qu’on ne touche pas toujours.
C’est quoi un bon sous-titrage / doublage / voice over ?
On a tous une vision différente des choses ; d’où l’importance des simulations ou du travail en équipe sur une série. Ce qu’il faut, c’est s’imprégner le plus possible de l’univers que l’on doit adapter, lâcher prise, être sérieux mais ne pas se prendre au sérieux. Ne pas hésiter à demander conseil à des pros pour le jargon. La clé, je pense, c’est de jubiler en travaillant. J’aime ce moment magique où l’on se dit : « Oui, c’est ça, bingo ! ». Et comme c’est toujours mieux de partager la joie que de la garder rien que pour soi, je le répète : la simu est très importante.
Pourquoi l’ATAA ?
Pour faire connaître notre métier, pour nous rassembler, même s’il y a beaucoup de jalousie entre nous.
Un dernier mot
Keep calm and translate.
Si vous aussi vous souhaitez publier votre portrait, vous exprimer pour une fois avec vos mots à vous, dans votre style à vous, pour partager votre expérience, rien de plus facile : prenez votre plus belle plume pour répondre à ce questionnaire, joignez-y si vous le pouvez illustrations et visuels et envoyez le tout à blog |at| ataa.fr !