Cette année 2020 aura bien chamboulé l’organisation de notre prix : réunions de jury par Skype, annulation de la soirée de remise, et en même temps, beaucoup de temps pour visionner les films, et une très grosse envie de ne pas renoncer à remettre ce prix !
D’autant que nous avons eu cette année un jury de choc qui a su s’adapter avec bonne humeur aux nombreux aléas, sans jamais s’éloigner de son sujet : une bonne traduction pour l’audiovisuel, c’est quoi ?
Pour cette 4e édition, notre sélection a offert au jury la possibilité de décerner un prix de voice-over et un autre de sous-titrage, car les documentaires tout sous-titres étaient pour la première fois bien représentés. On peut aussi signaler une forte présence des thèmes d’actualité : la finance internationale avec BlackRock ou l’histoire du footballeur américain Colin Kaepernick, preuve encore une fois que les documentaires peuvent être un formidable outil de compréhension du monde, surtout s'ils sont traduits avec finesse et justesse !
Pour nous, ce prix est aussi l’occasion de prendre la parole sur des sujets professionnels qui nous tiennent à cœur, en l’occurrence l’évolution de nos pratiques liées au bouleversement du paysage audiovisuel et numérique.
Ce n’est plus vraiment une surprise, les besoins en traduction ont explosé depuis que les plateformes sont arrivées sur le marché. Pendant le confinement, beaucoup de gens ont passé encore plus de temps que d’habitude à regarder des films traduits. Et pourtant, le message qu’envoient ces diffuseurs à toute notre profession est que ce travail n’a qu’une valeur accessoire, négligeable. Comment s’y prennent-ils ? En tirant les tarifs vers le bas (en gros, trois fois inférieurs à ce que pratiquaient en moyenne les chaînes “historiques”), parce qu’ils nous imposent des conditions de travail et des méthodes qui sont en rupture avec nos pratiques. On se retrouve dans des logiques de volumes : mettre le plus grand nombre de films en circulation, voilà l’objectif, et dès lors, on se soucie très peu, hormis pour quelques films « prestigieux », de la qualité du sous-titrage ou du doublage et des conditions de travail des traductrices et traducteurs.
Ce Prix dont les lauréats ont été révélés hier n’est pas un prix de traduction automatique décerné à une machine, secondée par un humain sous-payé. Notre Prix, nous l’avons créé pour récompenser des femmes et des hommes qui travaillent dans les règles de l’art. Car la traduction peut être un art. Eh oui. Pas un simple coût qu’il faut réduire au maximum. Aujourd’hui, on sent hélas que la tentation de la traduction audiovisuelle low-cost est très grande, et plus seulement chez les diffuseurs de SVOD.
Nous espérons que vous serez nombreux à suivre ces vidéos que nous vous avons concoctées pour rendre compte de cette 4e édition un peu particulière, et surtout à envoyer des encouragements à tous les finalistes et bien sûr aux lauréats ! Et nous tenons à remercier ici nommément toutes les personnes qui nous ont aidés tout au long de l’année, en marge du comité d’organisation : Cyrielle Debauf, Marine Héligon, Mireille Onon, Anthony Panetto, Anne-Lise Weidmann.
Merci aussi à la SCAM pour son soutien et sa souplesse dans la dernière ligne droite (en particulier à Véronique Bourlon, Caroline Chatriot et Barbara Ramonbordes).
Enfin merci à vous toutes et tous, traductrices et traducteurs, qui faites vivre notre métier et ce prix. A vos documentaires, nous comptons sur vos (nombreuses) candidatures pour 2021.
Le comité d’organisation
(Jean Bertrand, Louise Bouchu, Elsa Boudjema, Lauriane Crettenand, Chloé Guillosson, Valérie Julia)