A l’approche de l’application de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, de graves menaces pèsent sur la qualité du sous-titrage télétexte à destination du public sourd et malentendant et le métier même d’adaptateur. Avec le soutien de l’Unisda, l’ATAA a lancé un communiqué de presse pour alerter les médias. Le voici :
La baisse des tarifs et la délocalisation menacent la qualité du sous-titrage télétexte à destination du public sourd et malentendant, sur les chaînes de télévision française.
Afin de répondre à la demande d’accès à la culture audiovisuelle des associations de sourds et malentendants, la loi du 11 février 2005 a imposé aux chaînes de télévision dont l’audimat dépasse les 2,5% de sous-titrer l’intégralité de leurs programmes : films, séries, documentaires, ainsi que les émissions en direct.
Les chaînes, auparavant soucieuses de la qualité du sous-titrage à destination de leur public sourd et malentendant, ont donc dû, pour répondre à l’augmentation régulière du volume à sous-titrer, faire appel à des prestataires extérieurs (laboratoires de post-production) qui se livrent aujourd’hui une guerre sans merci pour décrocher des contrats avec les chaînes.
C’est ainsi que les adaptateurs employés par ces laboratoires – des professionnels du sous-titrage, recrutés pour leur maîtrise de la langue française, leur capacité de synthèse et leur maîtrise de l’outil informatique – voient se dégrader dangereusement leurs conditions de travail.
Depuis 4 ans (date à laquelle la loi a été votée), leur rémunération accuse des baisses de plus en plus rapprochées, de l’ordre de 15 à 20 % par an.
Leur statut s’est précarisé. Par souci d’économie, les laboratoires les ont en effet contraints de passer d’un statut de salarié à celui d’intermittent, pour finir comme auteur indépendant (en toute contradiction avec la définition de ce statut, puisqu’ils ne touchent en fait aucun droit d’auteur à la diffusion). Ils n’ont donc plus accès à la couverture sociale collective, au chômage, aux congés payés et à la formation.
Les conditions de travail deviennent quant à elles de plus en plus difficiles, avec des délais toujours plus courts imposés par les chaînes et acceptés par les laboratoires, qui exigent des adaptateurs une disponibilité totale (soirées et week-ends compris) et compromettent une bonne finalisation du travail.
Enfin, toujours par souci d’économie, les laboratoires en sont aujourd’hui à délocaliser le sous-titrage dans des pays à la main d’œuvre » moins chère » (le Maroc, entre autres).
En conséquence, et sans l’intervention des pouvoirs publics, la qualité du sous-titrage est amenée à se dégrader et, au-delà de la disparition du métier d’adaptateur, c’est le public des personnes sourdes ou malentendantes qui sera pénalisé.
Aujourd’hui, par respect pour ce public, l’ensemble des sous-titreurs et l’ATAA (Association des traducteurs et adaptateurs de l’audiovisuel), soutenue par l’Unisda (Union nationale pour l’insertion sociale des déficients auditifs) en appellent donc aux pouvoirs publics, au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) et aux téléspectateurs pour qu’ils veillent à ce que notre métier ne soit pas sacrifié au seul impératif de la rentabilité et qu’ils rappellent aux chaînes de télévision les engagements qu’ils ont pris en matière de qualité du sous-titrage, lors de l’adoption de la loi du 11 février 2005.