Éléments de repérage
19. Le métier de repéreur, pour obscur et anonyme qu’il soit, requiert une culture cinématographique, artistique, littéraire, linguistique et générale très étendue.
Un repéreur digne de ce nom doit connaître une ou deux langues étrangères, sinon à fond, au moins à un degré suffisant pour comprendre un dialogue de difficulté moyenne.
Ce doit être un monteur de film qualifié, familier de tous les domaines techniques et artistiques du cinéma, même de tous ceux n’ayant pas de rapport direct avec le sien. Il doit être conscient de l’importance de la tâche qui lui incombe, ne rien laisser au hasard et pouvoir défendre son point de vue contre les critiques éventuelles de l’adaptateur, du metteur en scène et du producteur ou distributeur du film. En cas de litige, il doit faire preuve de « souplesse technique » pour concilier au mieux les divers points de vue avec ses propres considérations. En somme, le travail qui lui a été confié doit être exécuté avec une minutie professionnelle telle, que l’adaptateur qui recevra de ses mains les éléments techniques du sous-titrage, s’y sente comme « un poisson dans l’eau ». Il ne serait pas exagéré de dire que le repéreur est le véritable « metteur en scène » du dialogue destiné au sous-titrage.
20. Pour pouvoir entreprendre son travail, le repéreur recevra de la Maison qui l’en charge, le matériel suivant :
1° Une copie standard du film en version originale conforme au montage du négatif. En cas d’impossibilité, une copie de travail (images et paroles séparées) peut la remplacer, bien que de manière insuffisante ;
2° Une liste complète des dialogues originaux, conformes à ceux réellement parlés dans le film. Cette liste devra être conçue suivant les données exposées au chapitre « Liste – Modèle » (voir § 62) ;
3° Une traduction « mot-à-mot » du dialogue original. (Celle-ci n’est évidemment pas nécessaire si le repéreur connaît la langue du film comme sa langue maternelle.)
Cette traduction devra être faite par un spécialiste du genre qui, sans être un traducteur authentique, connaisse assez l’esprit des deux langues pour être capable de transposer de l’une à l’autre les expressions idiomatiques, tout en se gardant de tomber dans l’excès du « mot-à-mot ». Il évitera, fût-ce au détriment du style de sa traduction, de changer l’ordre des phrases de l’original et s’efforcera de donner aux deux intéressés – au repéreur et à l’adaptateur – le sens exact de chaque phrase, de chaque locution, de chaque mot, bref, de l’ensemble du dialogue original.
Muni de ces trois éléments, notre technicien est en mesure de procéder au repérage proprement dit.