Anecdotes
Une star des années 50, très voluptueuse, devait dire dans une scène :
– Glissons…
Un ami sournois voulant lui faire une blague, lui avait dit que ce n’était pas suffisant. Et voilà que la toute belle s’exclame sous les projecteurs :
– Glissons sur moi !
Et il n’y a rien eu à faire pour la faire changer d’idée, je pense qu’on a dû couper au moment du doublage.
À Naples, il existe une expression très utilisée, ou que du moins j’ai beaucoup entendue au moment du tournage de Deux sous d’espoir1 de Renato Castellani, c’est « spesso e volentieri ».
Il y avait un moine connu pour avoir des apparitions et qui, lorsqu’on lui demandait :
– Mais vous voyez souvent la Madone ?
répondait :
– Spesso e volentieri !
Ce qui, traduit littéralement, donne « souvent et volontiers ». Dans le dictionnaire, on trouvera simplement « souvent / fréquemment ». Mais comment résister à ce « volontiers » ?
Dans de pareils cas, je conseille de traduire mot à mot, c’est plus poétique, plus drôle, ça rend mieux. Même si ce n’est pas tout à fait exact.
Anecdote sur Rossellini
(On pensera encore que je n’ai travaillé qu’avec lui !)
Quand Rossellini a tourné Descartes [1974], il pensait jusqu’à la veille du tournage que les prises de vues se seraient déroulées en anglais, je ne sais plus pour quelle raison capitale (ou de capitaux). Puis brusquement, Descartes doit être tourné en français, ce qui me semble d’ailleurs assez logique.
La production m’appelle en catastrophe ; je dois tout laisser tomber pour suivre le tournage, pendant trois semaines au moins…
J’arrive sur le « plateau » (un magnifique château à Bassano di Sutri, près de Rome) et je trouve des comédiens hallucinés, qui avaient bien sûr travaillé leur texte en anglais et qu’au dernier moment on poussait devant la caméra avec une tirade en français, et pas n’importe quel français : du Descartes !
Mon rôle, qualifié au générique de « coach-girl » (« Vous méritiez “coach-lady” », rigola plus tard notre metteur en scène !), consistait à articuler clairement pendant le tournage le texte en français, texte que les malheureux comédiens répétaient au fur et à mesure comme des perroquets.
Toute la bande-son de Descartes doit avoir ma voix claironnante à l’accent du Sud-Ouest, suivie de celles, bégayantes, des comédiens.