Les photocopies
Les producteurs se moquent complètement des yeux des traducteurs. Nous recevons des photocopies illisibles tant elles sont pâles. Ou bien elles sont rognées tout le long de la page, avec obligation de trouver la fin du mot ou le mot manquant, ou bien elles sont rognées en bas où il manque la dernière ligne.
Comme c’est toujours assommant de téléphoner à l’auteur pour lui demander le mot qui manque, il vaut mieux inventer (quand il ne s’agit pas, bien sûr, d’une œuvre maîtresse). Quoi qu’ils en disent, on ennuie beaucoup les scénaristes lorsqu’on leur demande des explications. Quand on y est obligé, on se rend compte qu’ils sont déjà en train de travailler sur une autre histoire, un autre scénario, et qu’ils ont déjà oublié, ou presque, de quoi il s’agit.
Lorsqu’il manque une page, on doit forcément téléphoner et on embête une malheureuse secrétaire qui a fait les photocopies et qui souvent gémit :
– Vous êtes sûre que vous n’avez pas égaré cette page ?
Comment les mauvaises maisons de production trouvent-elles encore des secrétaires ? Leur travail est tellement épuisant, si « stressant » ! Elles se font engueuler à longueur de journée par tous ceux qui en veulent à la production. Et malgré ça, elles essaient de résister, d’être courageuses. C’est bien les femmes… à tous les âges !