Incidence des changements de plan

42. Les suggestions émises dans les chapitres précédents peuvent se trouver plus ou moins bouleversées par les impondérables du montage des diverses séquences parlées du film. Nous voulons parler des « changements de plan », terme par lequel on désigne tout brusque déplacement du décor ou de l’angle de prise de vues. Il est généralement convenu que, lorsque ce changement intervient en plein débit de dialogue, il y a lieu d’opérer une coupe de phrase à cet endroit. En effet, l’étalement d’un même sous-titre « à cheval » sur deux plans en coupe franche, produit sur l’œil la fâcheuse impression d’une apparition d’un nouveau sous-titre, alors qu’en réalité c’est le même qui surgit à nouveau au moment du changement de plan. Le spectateur recommence à lire et perd un temps précieux, avant de s’apercevoir que le texte n’est pas changé.

Il est donc expressément recommandé aux repéreurs de ne jamais faire chevaucher un même sous-titre sur deux plans « cut » et de diviser la phrase correspondante en autant de tronçons qu’il y a de plans entrecoupés.

43. Cela ne présente pas de gros inconvénients lorsque le dialogue se trouve coupé en tronçons à peu près égaux : la longueur des sous-titres qui en résultent est alors proportionnelle à celle des plans. Cela devient un peu plus compliqué quand ces tronçons sont de valeur très inégale, c’est-à-dire quand l’un d’eux est passablement long et l’autre extrêmement court. Dans ce cas, on néglige généralement le dernier, en repérant la totalité de la phrase sur le plan le plus long. Il est évident que, faute de place, le temps de lecture s’en trouve considérablement réduit.

44. (Notons toutefois, que le chevauchement d’un sous-titre sur deux plans différents n’est presque pas gênant lorsque ces plans se trouvent reliés par un trucage optique « doux » tel que : enchaîné, volet flou ou demi-flou, floutage total, surimpression, etc.)

45. Si le repérage à cheval sur deux plans « cut » doit être rigoureusement banni des films de long métrage, il est par contre toléré, parce qu’inévitable, dans les « documentaires » à commentaire parlé. Le montage de ceux-ci diffère totalement de celui d’un grand film, et comporte un nombre considérable de plans relativement courts, réunis « bout à bout », souvent sans coordination avec le commentaire qui semble suivre un chemin à part. Si nous devions y respecter la consigne de « changement de plan », nous obtiendrions un sous-titrage théoriquement « correct », mais contrariant, à cause du morcellement exagéré du sous-titrage qui perdrait ainsi tout son « coulant ». Aussi, de deux maux choisissant le moindre, est-il admis de pratiquer, avec modération bien entendu, un repérage moins rigoureux dans les films documentaires ou assimilés. L’inconvénient du « changement de plan » s’y trouve compensé par le temps de lecture, généralement suffisant.

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