La nouvelle vague féminine
J’attends avec impatience – probablement pas elles – que les femmes scénaristes vieillissent de vingt, trente ou quarante ans. Car celles qui font des films en ce moment ont des problèmes d’amour et de sexe et basent tous leurs films là-dessus. Mais il y aurait tant d’autres sujets à aborder, tant de problèmes de femmes plus âgées, qui sont traités uniquement par les hommes, très mal, ou de façon peu précise, floue ; comment peuvent-ils savoir ? Je me souviens de films réalisés par des femmes suédoises, hongroises ou norvégiennes, des films qui avaient un souffle, un comique particulier, bref de l’authenticité. Il me tarde que les problèmes de tous les âges, de toutes les générations soient un peu « couverts ».
Il y aurait bien Suso Cecchi d’Amico. Mais celle-ci, provenant de la bonne bourgeoisie, a servi et sert surtout d’alibi dans les scénarios italiens. Elle travaille sans doute plus que ses collègues et lorsque je dois traduire l’un de ses scénarios, je sais qu’elle ne me fera grâce d’aucun détail, si les scènes se passent sur une galère du xiiie siècle.
Hélas, ce n’est pas en travaillant avec elle que je peux mettre : « plans à la disposition de la mise en scène. »
En revanche, quand je vois dans les scénarios, lorsque de jeunes metteurs en scène veulent faire du « revival », qu’en 1950 il y avait des parlophones aux immeubles et qu’on téléphonait de Hambourg à Turin en automatique, je lui tirerais volontiers mon chapeau… s’il n’y avait à souligner un autre reproche, beaucoup plus grave, dont elle est coutumière : celui de bourrer ses scénarios d’animaux. Je ne comprends pas qu’une loi n’interdise pas l’utilisation des bêtes dans le cinéma. Brigitte Bardot, Anouk Aimée (qui refuse de tourner avec n’importe quel animal, elle a compris), Lea Massari, etc. pourraient en écrire un livre. En voilà un scandale !