Le jury 2023 qui réunissait Anthony Beauvois (traducteur de l’audiovisuel), Ariane Carbonell (responsable des traductions et du sous-titrage pour Netflix), Philippe Kurzawa (directeur artistique pour EVA Vanves), Marie Laroussinie (traductrice de l’audiovisuel, co-lauréate du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels en 2022) et Elsa Vandaele (traductrice de l’audiovisuel, mention spéciale du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels en 2022), a félicité Claudia Faes pour la grande qualité de son travail sur le documentaire consacré à l’économie circulaire Et si le monde tournait rond ? A la fois d’actualité et visionnaire, cette réflexion sur l’avenir de nos déchets et le gaspillage alimentaire bénéficie d’une version française en tout point remarquable, par l’accessibilité des explications scientifiques et la personnalisation de chaque intervenant. Le jury a aussi salué le soin apporté par Claudia Faes à la rectification subtile de quelques maladresses de la VO.
Pour cette nouvelle édition, le jury ne s’imaginait pas remettre le Prix 2023 sans rendre également hommage à l’ensemble des finalistes : Claire Breton pour l’adaptation en binôme avec Anna Mouminova de Ukraine, la déchirure, Juliette Coupat pour Titien au royaume des couleurs, et évidemment Claudia Faes (avant d’être officiellement sacrée). Invitées à monter sur scène, ces dernières ont ainsi pu évoquer leur travail et les documentaires en compétition devant une salle enthousiaste. Cette mise en lumière reflétait avec à-propos l’union de l’ensemble des traducteurs et adaptateurs de l’audiovisuel. Un esprit collectif que revendique aussi Isabelle Miller. Consciente que la profession doit faire face à des vagues déferlantes, la présidente de l’ATAA a affirmé préférer naviguer contre vents et marées en compagnie de ses collègues plutôt que seule. D’autant que la parole commune a plus de poids que les revendications individuelles. Force est de constater que le dialogue engagé par l’ATAA avec les clients, ainsi que les représentants du ministère de la Culture ou de la Sécurité sociale porte davantage ses fruits. Un point de vue partagé par Hervé Rony, directeur général de la Scam, qui considère que l’ATAA et la Scam renforcent mutuellement leur crédibilité grâce à leur partenariat. Même si le sujet de l’intelligence artificielle a volontairement été évité pour ne pas gâcher la fête, la Scam se félicite des derniers accords signés avec Netflix et Disney +, ainsi que des 5,36 millions d’euros collectés.
En 2021, l’ensemble de ces droits a été redistribué aux 1230 traducteurs et traductrices adhérent-e-s à la Scam dont le quotidien a été rappelé avec humour par les maîtresses de cérémonie Madeleine Lombard et Marion Riches. Un quotidien où les angoissantes périodes d’inactivité poussent à accepter (presque) le premier projet proposé (payé au feuillet mais pas bavard), puis à signer pour une deuxième traduction (52 minutes, de nombreuses recherches, payé à la minute) et enfin à s’enthousiasmer pour un troisième programme cochant toutes les cases – nouveau client présenté par une collègue, sujet passionnant, 2e langue de travail, fiction… Bilan : le stress d’un planning surchargé prend le relais ! Les rires du public ont confirmé la justesse de ce témoignage et la capacité d’autodérision des adaptateurs de l’audiovisuel qui traduisent chaque année plus de 6 000 programmes en français.
Un volume conséquent dont Arte – qui rafle la mise cette année encore – est le deuxième diffuseur en nombre de documentaires adaptés en français, après Discovery Channel. Parmi ces milliers de programmes, le comité d’organisation a reçu près de trente candidatures et, aidé de sept volontaires, a tenté d’identifier les meilleures traductions à soumettre au jury. Et pour agrandir encore l’éventail de programmes candidats, les suggestions des adaptateurs, des laboratoires et évidemment des diffuseurs seront les bienvenues afin d’offrir encore une meilleure représentativité de l’excellence de nos métiers. Alors, à bon entendeur pour l’édition 2024 !