Lors de la remise de votre récompense, vous êtes montée sur scène en clamant un tonitruant « Je ne suis pas qu’un physique ! » qui a enthousiasmé l’assistance. Quelle place prend l’humour dans votre vie ?
L’humour est mon principal trait de personnalité. Avec l’autodérision. Même dans les situations dramatiques, le rire me sert de rempart. J’aime que la vie soit drôle. Et je ne m’entoure que de gens dotés d’un grand sens de l’humour.
Préférez-vous les programmes légers aux sujets sérieux ?
J’aime traduire des programmes drôles pour pouvoir y mettre ma patte. Quand le narrateur d’une VO tente une blague totalement intraduisible, je fais le choix de placer un trait d’humour un peu plus loin dans le texte, afin de ne pas perdre le caractère humoristique du programme. Évidemment, ce sont des choix artistiques et subjectifs. Nous savons bien que « traduire, c’est trahir ». Il faut toujours trouver le bon équilibre. Cependant, les DA ou les relecteurs ont parfois tendance à me censurer : « Attention ! Ce n’est pas ce qui est dit dans la version originale. Il faut respecter le sens littéral. » Les labos craignent aussi la critique des chaînes qui préfèrent généralement une approche conventionnelle, quitte à s’éloigner du ton de la VO. Cependant, certains de mes clients ont compris mon humour et ma manière de travailler.
Parlez-nous de Food Factory, la série documentaire pour laquelle vous avez reçu une mention spéciale de la part du jury ATAA.
J’ai traduit une dizaine d’épisodes de Food Factory. On me l’avait vendue comme une série de petits 22 minutes faciles à adapter, pourtant ce programme n’a rien d’évident. Le débit de paroles est très rapide et chaque épisode m’a demandé une semaine de travail. Au début, j’ai passé un temps considérable sur des sites de vente ou sur des catalogues en ligne à rechercher des références de machines chinoises, et à identifier quelle petite pièce convient à quel moteur. Mais j’aime ce travail d’enquête.