Mauvais souvenir
En un jour, j’avais fait, pour une somme dérisoire, les sous-titres d’un très beau film, Pane e cioccolata1 de Franco Brusati. Celui-ci les relit, bondit et s’arrange avec la production pour les revoir avec moi.
Ça se passe toujours de la même manière : on vous dit que c’est pressé, urgent, à faire dans la journée, puis ensuite on trouve deux jours supplémentaires quand le réalisateur l’exige.
Nous revoyons donc ces sous-titres et nous déjeunons chez lui, servis par un valet en gants blancs, dans l’argenterie et le cristal. À la fin, Brusati me demande :
– Pourquoi avez-vous accepté de faire cette traduction dans ces conditions absurdes ?
– Parce que j’ai besoin d’argent.
– Il ne faut jamais faire ça pour de l’argent. Vous n’auriez jamais dû accepter.
C’est une leçon que j’ai retenue et que je donne à tout le monde. Mais pour être honnête, c’est plus facile pour les nantis.