Et pour le dernier portrait, mais pas des moindres, voici notre trésorière de choc, Simona Florescu.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
Je crois que c'est à la fois le fait d'enrichir et d'approfondir mes connaissances dans tout un tas de domaines par les nombreux documentaires sur lesquels j'ai eu la chance de travailler, et la joie de faire rayonner la culture roumaine et ses œuvres cinématographiques en France. Ayant quitté la Roumanie à 4 ans, j'ai été un peu coupée de son histoire et de sa culture, mais je suis très émue de pouvoir aujourd'hui les redécouvrir et les partager avec les Français à travers les magnifiques documentaires se penchant aussi bien sur la faune et la flore que sur les traditions et coutumes ancestrales de certaines de ses régions encore méconnues.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Il y en a toute une flopée, tant des mots que des expressions idiomatiques. Je crois que le mot « exciting » et toutes ses déclinaisons seront toujours un casse-tête à adapter, « upset » comme l'a dit Coline peut également donner lieu à un arrachage de cheveux, mais je pense aussi à « overwhelming » ou au fameux « empowering », que j'ai beaucoup vu employé tel quel dans nombreux articles, comme une sorte d'abdication face à son intraduisibilité en français. C'est également là que réside ma fascination pour la traduction et les langues. L'éternel décalage entre la plage de signification de chaque mot dans des langues différentes, et la passion et la créativité dont le traducteur doit faire preuve pour trouver le mot ou la formule qui transmette le sens de la manière la plus juste et fidèle.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
C'est difficile à dire, car j'ai toujours un regard extrêmement critique sur mon travail et je ne me sens jamais totalement satisfaite du résultat. Je crois que le projet qui m'a le plus inspirée et que j'ai pris le plus de plaisir à traduire était le documentaire d'Alexandra Dean, Hedy Lamarr: From Extase to WiFi. L'histoire fascinante et le destin tragique de cette actrice d'origine autrichienne qui était principalement célèbre pour sa beauté exceptionnelle et ses rôles dans de grands succès de la MGM, et qui était pourtant un esprit de génie qui ne cessait d'inventer et de créer des choses extraordinaires, dont notamment le système de communication qui fut à l'origine du GPS et du WiFi. J'ai eu la chance de le sous-titrer dans le cadre du festival Pariscience, pour lequel j'ai traduit tant de documentaires captivants durant les quatre années de notre collaboration, et j'ai été très heureuse de le voir sortir en salles !
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
M'étant installée à Chania (La Canée) en Crète, je suis actuellement en train d'apprendre le grec, et c'est définitivement la langue la plus complexe que j'aie eu à apprendre. Je la trouve néanmoins extrêmement intéressante et j'adore sa sonorité unique. Ceci dit, si je pouvais, j'aimerais maîtriser le japonais, car j'ai depuis toujours été attirée par la culture, mais aussi les films, anime et mangas japonais. Ado, j'avais appris les alphabets hiragana et katakana, et intégré certains mots et expressions simplement en regardant des séries et des films sous-titrés, mais je n'ai jamais pu l'approfondir, car j'avais d'autres langues (l'espagnol et l'italien) à apprendre en priorité !
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Je n'ai jamais réellement rêvé de vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, car comme Estelle, je trouve la réalité bien plus exaltante, mais si je devais vraiment choisir, et je m'excuse de ce manque d'originalité affligeant, je crois que ce serait l'univers de Friends. C'est une série qui a marqué toute ma vie et qui m'a, entre autre, donné l'envie de maîtriser l'anglais comme un natif et qui y a finalement largement contribué. C'est également une série qui a toujours réussi à me réconforter dans les moments les plus sombres de ma vie. Je suis bien évidemment très consciente de son incohérence et improbabilité face à la réalité de cette époque à Manhattan, mais je ressens malgré tout une forme de nostalgie pour un temps qui n'a jamais existé, pour une vie où tout semble possible, et où au final, tout ira bien.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est ce qui t'a poussée à le rejoindre ?
J'ai rejoint le CA de l'ATAA comme Isabelle Miller en 2017, en tant que trésorière, et je le suis toujours. C'est lors d'un point contact de l'ATAA que Sylvestre Meininger et Juliette De La Cruz m'ont convaincue de mettre de côté mon syndrome de l'imposteur et de les rejoindre au CA afin de contribuer réellement à cette merveilleuse association, dans la mesure de mes possibilités. J'y ai rencontré des personnes formidables, j'y ai appris des milliers de choses et j'ai pu créer des liens avec d'autres collègues dont je n'aurais autrement peut-être jamais croisé le chemin.
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
C'est si difficile de choisir quelque chose en particulier, quand on a été témoin de tant de progrès et d'initiatives qui ont eu un réel impact sur la profession tout entière. Le simple fait que nous soyons passés de 294 adhérents lors de mon entrée au CA à 620 à ce jour est en soi une véritable réussite. Cela reflète l'importance de l'ATAA dans la carrière des tradaptateurs, non seulement par la mise en lumière des membres et de leurs adaptations, mais surtout pour la mine d'informations que sont devenus le site internet et le serveur Discord de l'ATAA. Bien sûr, le fait que nous soyons devenus des interlocuteurs privilégiés des institutions publiques comme privées qui cherchent à s'informer sur nos statuts est une autre grande fierté, bien que je n'y aie pas personnellement contribué. C'est aussi ça, la beauté du CA, on peut se féliciter de ce qu'on a pu accomplir ensemble, tout en se focalisant sur des tâches particulières qui ne semblent parfois pas tant peser dans la balance. Finalement, je pense que ce dont je suis le plus fière, c'est que l'ATAA représente toutes les formes d'adaptations liées à l'audiovisuel, du sous-titrage, doublage et voice over à la traduction de jeux vidéos, en passant par l'audiodescription et le sous-titrage SME.
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Toutes les personnes qui ont fondé l'association, et tous les collègues que j'ai eu l'honneur de côtoyer au sein du CA au fil des sept dernières années m'ont laissée en admiration. Ce sont des personnalités fortes, avec un dévouement et un sens de la justice qui forcent le respect. Les voir jongler entre leur travail parfois accablant, leur vie de famille et les contributions souvent très chronophages qu'ils ont apportées à l'ATAA est une de mes plus grandes sources d'inspiration.
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Intégrer le CA m'a appris une multitude de choses sur le plan professionnel comme sur le plan personnel. J'y ai développé ma connaissance du métier et appris comment défendre la valeur de mon travail auprès des clients. J'y ai gagné en diplomatie et en bienveillance. Plus récemment, lorsque je me sens un peu trop à distance, ou pas assez impliquée dans nos chantiers, c'est en pensant à toutes les âmes volontaires et généreuses qui œuvrent pour l'ATAA que je me rappelle pourquoi je souhaite continuer au sein du CA. Même avec de petites actions, on participe aux progrès de l'association, et voir notre effort collectif porter ses fruits, c'est aussi une leçon d'endurance et de persévérance au quotidien.
Pour l'avant-dernier portrait des membres du CA, découvrez Estelle Renard, une de celles et ceux sans qui rien de tout ça n'aurait été possible.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
J’aime beaucoup cette question qui sous-entend qu’il y en a plusieurs, voire beaucoup. Et c’est vrai ! Pas facile. Bon, je vais choisir une satisfaction très égoïste, la découverte. Se confronter à des sujets d’une variété universelle. Là, c’est plus la traductrice de documentaire qui parle. Mais je le ressens aussi en fiction. On est continuellement transporté dans des mondes très différents. Et dans les deux cas, on est obligé de creuser, d’aller très loin sous la surface de la langue, de tout comprendre, du moteur thermique aux motivations mystérieuses de Kevin, pour traduire parfois une seule phrase.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Si c’est une expression, ça va quand même ? C’est du grec et ça fait partie de ces idiomatismes qu’on se dit « en VO », quand rien d’autre ne correspond à la situation : « Ti na kánoume ». Littéralement, ça veut dire « Que peut-on faire ? » C’est une question qui n’appelle pas de réponse, avec une certaine dimension tragique. « C’est comme ça, et on n’y peut rien. » Et on imagine un vieux Grec le dire d’un air un peu résigné. On peut le comprendre comme une démission. Mais je préfère l’autre versant. Je trouve que c’est une invitation à faire avec ce qu’on a.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
C’est difficile, parce qu’on est un peu un maillon éphémère de la chaîne, surtout en doublage et en voice over. On écrit, mais notre texte est transitoire. Et quand il est dit, d’une certaine manière, il ne nous appartient plus. Je crois que je suis plutôt fière des choses dont je suis seule responsable et où l’imperfection me paraît tolérable, comme la première aubergine de mon potager, un panier en osier pas trop de travers, ou un meuble en bois sans tuto.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
Le hindi. Pour cette proximité étrange avec une culture si lointaine, pour sentir la folle aventure des langues qui fait que notre façon de dire les choses conserve en Inde comme en France le souvenir des bergers nomades des steppes eurasiatiques. Pour un premier pas vers le bengali et comprendre de l’intérieur la poésie et l’humour des films de Satyajit Ray. Et puis bon, on va pas se mentir, pour traduire des films de Bollywood !
- Si tu pouvais vivre dans l’univers d’un film ou d’une série, lequel choisirais-tu ?
La question m’a tout de suite fait penser à The Truman Show ! Non pas parce que je voudrais y vivre, quelle angoisse, mais parce que je crois que je ne voudrais pas vivre ailleurs que dans la réalité.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l’ATAA et qu’est-ce qui t’a poussée à le rejoindre ?
Houlala, je fais partie du CA depuis… 17 ans, puisque j’ai co-fondé l’asso avec Samuel Bréan et Sylvestre Meininger. Du coup, la question serait plutôt ce qui m’a poussée à y rester. Beaucoup le sentiment de responsabilité. Ou de culpabilité ! J’ai longtemps eu l’impression que le quitter, ce serait comme abandonner un enfant. Et puis quand même un peu d’addiction. Parce que oui, il y a quelque chose qui active le circuit de la récompense dans le fait de se dire qu’à sa petite échelle, on contribue à changer le monde ! Ça console du sentiment d’impuissance qu’on a devant le drôle de chemin que semble prendre l’humanité.
- Quelle avancée ou réalisation de l’ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
C’est peut-être sa longévité, justement. Au départ, personne n’y croyait, sauf la trentaine de personnes de bonne volonté qui se sont réunies par un beau jour de juin 2006. « Les traducteurs sont trop persos, c’est chacun pour soi, ça marchera jamais. » 17 ans plus tard, on est 620. Ça veut dire qu’elle est devenue un point de repère pour notre profession et qu’on a eu raison.
- Y a-t-il une personne au sein de l’association qui t’inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Oui, une super-personne, le collectif qu’on forme tous ! Quand on est au conseil d’administration, au cœur de la machine, on vit vraiment cette aventure de l’intérieur et on comprend à quel point c’est vrai : le tout est plus grand que la somme de ses parties.
- Comment le CA de l’ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Je n’aurais jamais rencontré autant de personnes dans ce milieu si je n’avais pas été au conseil d’administration. Et avec l’AVTE, notre fédération européenne, c’est encore démultiplié ! Participer à cette aventure collective change la façon dont on aborde notre métier. Le CA est obligé d’être sur tous les fronts et, de fait, on est au centre de l’information. Écouter, analyser, élaborer une argumentation, épauler, construire en commun, prendre des initiatives et des responsabilités, assumer ses conneries, c’est une excellente gymnastique. La meilleure pour la vie !
And now, introducing Débora Blake, our only board member who is also a native English speaker.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
J’aime beaucoup que mon travail ouvre l’œuvre à un tout nouveau public. Plutôt "publics", au pluriel, car avec plusieurs langues sources et cibles, ça ouvre pas mal de portes. J’écris donc mes adaptations en français et en anglais à partir de programmes, bien sûr, en anglais ou en français, mais aussi en italien ou en espagnol d’Argentine ou d’Amérique latine. La satisfaction vient aussi du fait que j’aime relever les défis et que pondre ces textes est un vrai défi à cause des contraintes imposées par le métier lui-même. Pour n’en citer que quelques unes, le sous-titrage oblige de la concision, un doublage oblige une synchronisation labiale et une adaptation pour une voice, même si j’ai plus de liberté pour écrire, m’oblige à rester dans l’ambiance du programme d’origine avec une contrainte temporelle aussi. Et je dirais en dernier que quand on est une grande curieuse comme moi, qui aime faire des recherches et qui aime surtout l’écriture, chaque fois qu’on me confie un projet, je suis contente de mettre mes compétences et ma créativité au service de l’œuvre. Tout ça me procure une très grande satisfaction !
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Normalement, je dirais que c’est, euh, comment dire, « normalement ». C’est d’abord un faux ami en anglais. Mais c’est surtout un mot français qui communique plutôt un concept qui nécessite parfois plusieurs mots en anglais pour conserver tout son, euh, comment dire, charme.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
En toute humilité, ce serait les quatre adaptations que j’ai faites pour EncanTango, le documentaire sur le tango argentin que j’ai réalisé de 2004 à 2006. C’était un travail très personnel et je voulais que tout soit parfait. Autrement dit, fait à ma façon. J’avais choisi les intervenants, tenu la caméra, posé les questions, fait le montage et même l’authoring pour le DVD. Il était évident que j’allais aussi tout traduire ! Comme les intervenants parlaient espagnol, français, italien et anglais, j’ai sorti un SRT pour chaque langue. Et c’est comme ça que j’ai un peu rendu fous les amis avec qui j’ai relu mes sous-titres, car je ne lâchais rien ! J’ai su, en direct, lors des projections, que j’avais eu raison d’être têtue. Les projections ont été organisées au coup par coup, souvent dans de belles salles de cinéma, dont la plus célèbre et la plus ancienne de Madrid, le Ciné Doré. Les séances ont toujours été suivies d’une rencontre où je répondais aux questions des spectateurs. Ces moments privilégiés m’ont permis de mesurer l’impact de mon travail. Le public appréciait mon film et mes sous-titres l’ont rendu accessible au plus grand nombre.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
Je ne peux pas vraiment dire que je « rêve » de le maîtriser mais je dirais que ce serait le grec. Lors de mes études, j’ai fait plusieurs années de latin que j’ai adoré. Le grec me semble un peu dans cet esprit et me tente bien. Le grec me permettrait aussi de me plonger un jour dans d’autres grands classiques de l’histoire et d’avoir des échanges plus intéressants sur place. Il y a des années, j’étais partie en vacances avec une feuille A4 de mots et phrases simples. « Bonjour, bonsoir, » etc. Je m’étais plutôt bien débrouillée. Et au bout d’un moment, j’avais l’impression que j’arrivais à comprendre sans comprendre. C’était très étrange.
Sinon, on pourrait aussi dire que je rêve de maîtriser la langue des signes. Gamine, j’avais appris l’alphabet que je n’ai jamais oublié. Je peux épeler les mots, mais c’est tout. C’est une langue qui me fascine et j’aimerais bien savoir comment ça marche. Surtout d’une « langue de base » à une autre. Les gestes sont-ils les mêmes d’une culture à l’autre ? Comment communique-t-on le sarcasme ? Les nuances ? Pour moi, c’est mystère et boule de gomme !
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Pour y vivre 24/7 ? FRIENDS, sans hésitation. Ce serait fabuleux d’avoir une bande d’amis aussi rigolos et fiables avec qui affronter les défis et partager les cadeaux de la vie ! Mon appartement ressemble un peu à celui de Monica et Rachel. C’est déjà ça.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est ce qui t'a poussée à le rejoindre ?
J’ai rejoint le CA de l’ATAA en janvier 2021. Madame la présidente Isabelle Miller m’en avait parlé. Face à mon incertitude, elle m’avait rassurée en disant que tout se faisait de façon collégiale et souvent en binôme et que tout se passerait bien. Et elle avait parfaitement raison !
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
En premier, je pense aux discussions que l’ATAA a entamées avec des grands comme Netflix et Amazon. C’est quelque chose ! Avoir le courage et les moyens de s’asseoir à la table avec des représentants de ces entités-là, de discuter avec eux de ce qui se passe dans notre industrie et de défendre nos intérêts face à ces mastodontes, c’est juste extraordinaire. Le contact avec le ministère de la culture, aussi. L’ATAA fait vraiment tout son possible pour être là où il faut pour défendre ce beau métier que nous faisons et sensibiliser les acteurs importants. Sans faire de jeu de mots, bien évidemment.
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Côté inspiration, je dis tout de suite que tous les membres du CA m’impressionnent et croyez-moi, il faut beaucoup pour m’impressionner ! Franchement, je ne sais pas comment ils arrivent à gérer autant de dossiers avec autant de sérieux et de professionnalisme, tout en livrant leurs adaptations en temps et en heure ! Côté parcours, je ne vais pas toutes les citer, mais plusieurs personnes de l’ATAA m’ont ouvert des portes et j’ai beaucoup apprécié.
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Le métier que nous faisons est assez solitaire. Le CA m’a permis de côtoyer des personnes qui vivaient ce que je vivais toute seule dans mon coin. La première année, je me sentais plus dans l’observation, tout était nouveau, et je ne connaissais pas les dossiers. Mais, au fur et à mesure, j’ai pris confiance et commencé à m’impliquer plus. Les autres membres me connaissent mieux maintenant. C’est donc plus facile de savoir ce qu’on peut me confier en fonction des besoins. C’est très chouette d’avoir des projets et de pouvoir compter sur les autres si j’ai une question ou un souci. Sur les plans personnel et professionnel, je suis très fière de contribuer à la vie de l’ATAA, une structure qui mérite, plus que jamais, d’exister et de le faire savoir !
Les choses sérieuses commencent enfin avec notre présidente, Isabelle Miller !
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
Je vais commencer par une réponse à endormir le commun des mortels, mais avec un peu de chance, elle parlera aux consœurs et confrères. C’est une satisfaction directement liée à l’acte de traduction, le simple fait de parvenir à une forme qui se tient, à un texte fluide et idiomatique. Pour moi, chaque traduction commence par le sentiment que je ne vais pas y arriver. Mon premier jet me paraît à jeter. C’est pourtant en y revenant plusieurs fois que j’aboutis à un résultat satisfaisant, que je rentre peu à peu dans l’univers de l’œuvre originale. Il y a un moment où je ressens un grand « Ouf, on va pas tout jeter ».
Ensuite, reste à confronter mon travail à un regard extérieur dont je suis toujours très reconnaissante, que ce soit, John, mon conjoint qui est aussi TAV (on se relit mutuellement quand on peut), une traductrice, un traducteur avec qui je partage une mission ou un opérateur de simulation qui est un pro de la TAV comme moi. Aujourd’hui, pour serrer les coûts et les délais, on essaie de nous faire croire que les relectures, les simulations, les vérifs sont optionnelles. Battons-nous pour les préserver.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Il y en a plein. Il n’y a même que ça, comme l’a justement fait remarquer Stéphanie Penot-Lenoir dans son interview. Je traduis de l’anglais. Mon expérience a été marquée par le mot « siblings », à cause d’un documentaire dont c’était le titre et évidemment, le mot revenait souvent dans le film. Ce n’est pas qu’il est difficile à traduire. C’est qu’il est difficile à traduire naturellement dans le fil du texte français, en l’occurrence dans les sous-titres : ça m’a permis de travailler sur l’emploi des mots « fratrie », « frères et sœurs ». Parfois, la justesse tient à un détail, un adjectif, un article. Quant au titre, on a finalement gardé Siblings pour la diffusion en France. La non-traduction peut aussi être un choix intéressant.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Allez, je vais me faire mousser : The Lobster de Yorgos Lanthimos, qui m’a valu le prix ATAA du sous-titrage d’un film anglophone. J’étais déjà tellement étonnée et heureuse d’être nommée en même temps que deux auteurs très confirmés, Anne Crozat et Guillaume Tricot. Ce qui est intéressant, c’est que jamais je n’ai autant remanié un sous-titrage. Pour des problèmes d’emploi du temps, ma cliente a repoussé quatre fois la simulation, ce qui m’a permis de retravailler à chaque fois mes sous-titres. La qualité de nos adaptations dépend tellement des conditions de travail et du temps qu’on nous accorde pour le faire.
J’en profite pour rappeler que les prix ne distinguent pas les « meilleures » adaptations mais, à chaque fois, une adaptation qui représente la qualité que méritent les œuvres et les spectateurs. Et je trouve que les nommés devraient être plus sous les projecteurs.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
Le khmer, pour une histoire d’amitié. J’ai pris des cours. J’ai appris quelques mots. Je peux compter jusqu’à 20. Mais il faut plus de détermination que je n’en ai eu ou une vraie nécessité pour progresser dans une langue aussi éloignée de la sienne.
- Si tu pouvais vivre dans l’univers d’un film ou d’une série, lequel choisirais-tu ?
Une comédie musicale de Jacques Demy. Les demoiselles de Rochefort (1967) ou Peau d’âne (1970). C’est vieux mais c’est moderne, plein d’énergie, beaucoup plus social et politique que les décors pastel et les chansonnettes ne le laisseraient penser. Ce sont des propositions pour regarder le monde du côté de la marge de liberté qu’il nous laisse. Elle est souvent mince, mais aussi souvent là où on ne la voit pas.
Quel rapport avec la traduction ?, me diront certains. Il y en a toujours un. Toute œuvre audiovisuelle est traduite, vers le français ou vers plein d’autres langues.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l’ATAA et qu’est-ce qui t’a poussée à le rejoindre ?
Depuis 2017. Ce qui m’y a poussée, au fond, c’est un besoin de collectif. Le déclencheur a été une parole qui m’a semblée incongrue sur le moment, de Sabine de Andria je crois : « Et pourquoi pas toi, Isabelle ? »
- Hein, moi, désorganisée, intolérante administrative ?
- Oui, toi, comme tu es. Tu as une marge de progression énorme. Ne te demande pas si tu es compétente. Tu l’es de par ton métier. Ce qu’il te manque, tu peux l’apprendre.
Sabine avait raison. J’en apprends tout le temps.
- Quelle avancée ou réalisation de l’ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
Le forum Discord. Il y en a bien d’autres dont nous avons lieu d’être fiers mais ce forum m’épate parce qu’il fourmille d’échanges horizontaux sur tous les aspects du métier, strictement entre traducteurs. Sans le travail du CA, l’association ne pourrait pas exister. Il ne faut pas oublier pour autant que le forum nous soulage de nombreuses tâches d’information et que c’est un précieux laboratoire d’idées. Je dirais que le CA, c’est le cœur et le forum, c’est les poumons de l’ATAA.
- Y a-t-il une personne au sein de l’association qui t’inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
La question de l’enfer ! J’ai une liste d’au moins 20 noms et je ne peux en citer qu’un ! Je vais dire TOUTES et TOUS nos secrétaires successifs, les piliers de l’asso au quotidien, des vrais borders collies pour le CA qui peut parfois se disperser légèrement ou avoir des coups de mou.
- Comment le CA de l’ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
En me montrant comment je pouvais être représentative, comment on peut trouver sa place dans cette équipe très diverse au niveau des personnalités, des parcours et des compétences. Nos métiers sont en train de se transformer, souvent à notre détriment. On peut avoir l’impression de n’y rien pouvoir, mais pourquoi baisser les bras sans tenter de se fédérer et de se battre ? C’est maintenant que ça se passe.
Place à Coline Magaud, secrétaire ! Si son portrait vous fait sourire, alors elle aura réussi sa mission du jour.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
Je crois qu’on répond tous à peu près la même chose, mais mettre son écriture au service d’une œuvre pour en aider la diffusion auprès du grand public, c’est tout de même hyper exaltant. Chercher l’expression juste en français pour retranscrire un niveau de langue, un double sens ou encore une incompréhension et permettre aux spectateurs de capter tous ces détails, c’est ce qui fait le sel de la vie, non ? Non ? Trop fort comme expression ? Bon. Mais dans un second temps, évidemment, il y a aussi avoir parfois la chance de travailler sur des pépites dont on n’aurait jamais entendu parler autrement.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
« Upset » a une fâcheuse tendance à m’upsetter. Est-ce qu’on est triste ? En colère ? Contrarié ? Vexé ? Chamboulé ? Tout ça à la fois ? Plus encore ? Ou bien moins fort ? Oh et puis zut...
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
La fierté, c’est peut-être un peu fort, car malgré tout, nous restons auteurices d’œuvres dérivées et non pas originales, mais je ne peux pas cacher que ma carte de visite restera encore quelque temps le sous-titrage de la mini-série Chernobyl. Le projet a commencé sans qu’on ait la moindre idée de l’engouement que le programme allait susciter et comme tout le monde s’en doute, je suis assez loin d’avoir un doctorat (ou même un niveau brevet des collèges) en énergie atomique du bloc de l’Est. Malgré tout, je crois avoir réussi à rendre les sous-titres le plus digeste possible et c’est un défi que j’ai adoré relever.
Autrement, j’ai deux séries chouchou que personne n’a vues mais que tout le monde devrait voir. Vida, sur l’histoire de deux sœurs d’origine latino-américaine qui se retrouvent après le décès de leur mère. Une série queer à souhait et haute en couleurs, tout comme Generation, sur des lycéens de Los Angeles qui explorent leur sexualité avec une authenticité rare. Si vous voulez pleurire (mot valise), foncez, c’est une des pépites que j'ai évoquées plus haut.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
Petite, je suis allée en Italie avec ma mère pour retrouver mon père qui travaillait là-bas quelques jours. À l’hôtel, la réceptionniste italienne parlait en anglais avec le client précédent, puis s’est ensuite adressée à nous dans un français parfait. J’étais subjuguée et c’est là que j’ai dit à ma mère que quand je serais grande, je voudrais parler toutes les langues du monde. Bon, clairement, c’est un échec, mais quelque part, ce serait toujours mon rêve. Et puis, même si je me dis que je n’aurais plus beaucoup de travail si c’était le cas de tout le monde, je trouve que ce serait génial qu’on puisse tous se comprendre. Pas tous parler la même langue, non, mais tous les comprendre toutes, dans toute leur subtilité.
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Je crois que vivre dans Friends, ça m’irait bien. Passer mes journées à refaire le monde dans un café (ou un bar, comme dans l’épisode flashback de la saison 3, ça collerait un peu plus à ma passion bière) avec les copains de toujours, je pourrais m’y faire assez vite.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est ce qui t'a poussée à le rejoindre ?
J’ai intégré le CA de l’ATAA en 2019. Déjà à l’époque, le CA peinait à recruter des bonnes volontés (et encore, nous étions 12 membres élus pour environ 400 adhérents contre 8 pour 619 actuellement…) et c’était un moment de ma vie où je voulais retrouver du lien social et m’engager pour quelque chose. J’avais plusieurs idées, mais finalement, égoïstement, je me suis dit que j’allais m’engager « pour moi » en m’engageant pour ma profession. J’avais peur de ne pas être légitime, puis j’ai compris que la légitimité n’attend pas le poids des années et que des bonnes idées, on peut en avoir après 25 ans de métier comme après 25 mois. Et puis au pire, à défaut d’avoir de bonnes idées, je pouvais donner dans le soutien moral en faisant des blagues.
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
Sans hésiter, je peux dire que c’est notre siège au sein de l’organisme pour la Sécurité Sociale des Artistes-Auteurs. C’est un dossier auquel je n’ai contribué qu’en imprimant notre candidature et en la postant, mais le jour où notre nom est apparu au journal officiel en tant que membre à part entière de cette structure, je me suis dit « ça y est, on existe sur la carte des grandes instances ». Un peu l’impression de passer de la ligue amateure à la ligue professionnelle. Je crois même que j’ai eu peur des responsabilités que ce nouveau « pouvoir » pouvait impliquer (Oncle Ben, sors de ce corps). Et j’en profite pour remercier Jean-François Cornu et Isabelle Miller de gérer tout cet aspect de la vie de notre association, de notre profession et de notre statut avec autant d’aplomb et de professionnalisme.
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Ils le savent déjà, mais je ne me lasserai jamais d’écouter Jean-François Cornu (oui, ça fait deux fois) et Estelle Renard. Leur connaissance de tellement de sujets est incroyable et toujours à-propos, c’en est presque fatigant ! Et sinon, de manière générale, je suis inspirée par tous les gens qui donnent ne serait-ce qu’une fraction de leur temps d’éveil à notre association, pour nous aider, nous encourager, nous remonter le moral… Nous avons besoin de gens effectivement élus et présents au CA, oui, c’est vrai, mais sachez aussi que toutes les petites choses que certains font en ayant l’impression que ce n’est rien, eh bien pour nous, c’est déjà beaucoup. C’est moi ou on dirait que j’écris de la mauvaise variété française ?
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Le CA de l’ATAA m’a permis de m’ouvrir à ma profession et à tout un tas d’aspects de celle-ci dont je n’avais aucune connaissance. J’ai aussi rencontré des gens, plein de gens, tous différents, mais tous mus par la même envie de progrès, de collectif et de justice. Être au CA, au-delà d’être membre de l’ATAA, ça permet de se sentir bien moins seul face à l’adversité et ça, ma misanthropie en avait grandement besoin.
C'est au tour de Stéphanie Penot-Lenoir, notre secrétaire adjointe et couteau-suisse préféré de vous en dire un peu plus sur elle.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
Pouvoir passer mes journées à regarder des documentaires, des films et des séries ! Voilà pour entretenir la légende. Plus sérieusement, j’aime apprendre plein de choses dans des domaines très variés, me plonger dans des thèmes, des vocabulaires, des ambiances, des styles différents, et m’amuser à trouver la formule la plus juste pour servir un film.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Au fond, les traducteurs le savent bien, tout est intraduisible (avec, en effet, quelques champions, comme la saudade du portugais). La langue est toujours le reflet et l’expression d’une culture. Traduire, c’est faire des choix, trouver des compromis, des solutions pour que le message soit transmis, malgré tout. Comme le dit le grand traducteur espagnol Mariano Antolín Rato, « La traduction est une des rares activités humaines où l’impossible se produit par principe ».
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Je préfère parler des moments où j’ai eu particulièrement plaisir à travailler. Je pense au sous-titrage de La Couleur de la victoire, pour lequel j’ai eu la chance de collaborer avec un producteur passionné et à l’écoute. Il m’expliquait les choix de montage, l’intention du réalisateur, je lui détaillais les difficultés pour l’adaptation et nous choisissions une solution. Nous avons vraiment œuvré ensemble à servir le film au mieux. Je me souviens aussi du sous-titrage de Comme tu me veux, de George Fitzmaurice. Un petit bijou si fragile qu’il m’a valu quelques nuits blanches, tant je craignais de le trahir.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas mais que tu rêverais de maîtriser ?
Il y en a plein ! Le portugais est la langue de ma marraine, et donc ma langue de cœur, mais je ne le parle pas (encore !). J’ai aussi vécu quelques mois en Suède et j’en ai gardé un attachement particulier à la culture et aux langues scandinaves. Je trouve en plus les productions de ces pays pleines de finesse et d’originalité. Le japonais, parce que c’est une langue à la musicalité et à la délicatesse incroyable. Les langues d’Afrique noire que j’ai pu croiser (swahili, peulh,…) ouvrent aussi des champs d’exploration passionnants par leur rythme et leur poésie.
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Sans hésiter Stranger Things. Comme ça, la plus jeune de mes filles aurait pour une fois envie d’être au même endroit que moi !
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est-ce qui t'a poussée à le rejoindre ?
J’ai connu l’ATAA en 2008, en tant que chargée de production, lors d’un rendez-vous de négociation tarifaire. Dans ce climat fort tendu, leur discours sonnait si juste que je me suis sentie plus proche de leur cause que du côté de mon employeur… Alors quand je me suis relancée comme auteur en 2015, je n’ai pas hésité longtemps avant d’adhérer. Après m’être réinstallée à Paris, j’ai assisté aux portes ouvertes de 2019. Les membres du conseil d’administration avaient l’air drôles, sympas, pleins d’idées, à la fois détendus, entreprenants et débordés. J’ai eu envie de faire le colibri avec eux.
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
Le Big d’ATAA est un outil formidable qui rend nos métiers et les auteurs plus visibles. Je trouve aussi que l’ATAA a beaucoup œuvré à faire en sorte que les auteurs de traductions audiovisuelles soient reconnus par les clients et les institutions comme voix à entendre. Le siège au sein du conseil d’administration de la sécurité sociale des artistes et auteurs, ou les démarches engagées par des collectifs d’auteurs auprès de certains clients, en sont l’illustration. Enfin, je trouve le travail de cohésion entre auteurs et de réflexion avec des associations sœurs, en France et au niveau européen, particulièrement porteur et utile.
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Ils sont trop nombreux pour les citer, ceux dont le travail m’a motivée à devenir traductrice de l’audiovisuel, et ceux qui, par leur professionnalisme, leur générosité ou leur talent, m’ont accompagnée ou m’accompagnent encore. L’enthousiasme des nouveaux arrivants dans le métier et leurs questions m’amènent également souvent à porter un regard différent sur mes pratiques. C’est très enrichissant. Je pense aussi évidemment à l’influence de Samuel Bréan, dont j’admirais déjà la droiture et l’humour quand je lui confiais du travail, et qui m’a consacré du temps, sans hésiter, quand je me suis relancée comme auteur. Enfin, l’audace et la générosité incroyables de tous les autres fondateurs de cette belle association sont une source quotidienne d’inspiration.
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Être au conseil d’administration de l’ATAA est une chance formidable. Discuter de nos métiers alimente une réflexion dense et profonde sur les aspects pratiques, techniques, déontologiques et linguistiques. On prend rarement le temps de faire cela quand on adapte au quotidien. J’ai appris à expliquer mon métier, qui attire la curiosité alors qu’il est souvent méconnu. Je progresse dans bien des domaines, tout en aidant ma profession. C’est très gratifiant, ça rassérène et ça ouvre le champ. Et au passage, on rencontre plein de gens !
Continuons avec Hélène Geniez, notre membre du Conseil d'administration la plus éloignée de la capitale.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?
Que mes sous-titres permettent à des personnes de découvrir une œuvre, réfléchir, rire ou s’émouvoir, et à une œuvre de circuler dans le monde. C’est banal, mais cela me touche et me motive à chaque fois, depuis plus de 20 ans. Et que ma traduction d’un scénario participe à la connaissance et au développement d’un projet de film.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
En espagnol, « ojalá » équivaut à la fois à « Si seulement », « Espérons ! », « Ce serait bien » avec, caché dedans, un peu de « Si Dieu le veut » (le sens originel en arabe). Rien d’intraduisible, mais je sens qu’il manque en français, pour ce mélange, un mot aussi simple, spontané et qui colle à tous les registres. Et puis j’aime la sonorité et le dynamisme du mot (avec la jota plus ou moins gutturale selon les pays, mais toujours l’accent tonique final) et c’est le titre d’une sublime chanson de Silvio Rodríguez.
- Quelle est la langue que tu ne parles pas, mais que tu rêverais de maîtriser ?
Je traduis de l’espagnol et l’anglais vers le français, ma langue maternelle. J’aimerais en apprendre une qui émane d’une société sans passé colonialiste évangélisateur capitaliste normalisateur, pour m’immerger dans une lecture et une expression du monde radicalement différentes.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Globalement, contribuer à la visibilité de cinématographies méconnues et fragiles, notamment latinoaméricaines, me procure une grande satisfaction. Pour des demandes de financement en France, je traduis aussi des scénarios directement écrits en anglais par des scénaristes ou des réalisateurs de pays très divers (Islande, Turquie, Mongolie) et qui tournent ensuite leur film dans leur langue.
Mon travail sur Zama de Lucrecia Martel a représenté un joli défi : traduction du scénario, lui-même adaptation d’un roman argentin traduit en français (traduction dont je me suis vite affranchie) qui se déroule au XVIIIe siècle ; écriture des sous-titres en étroite collaboration avec la réalisatrice tant elle manie sa langue de façon très personnelle ; enfin une journée de traduction consécutive pour les interviews avec la presse, puis les échanges avec la salle lors de l’avant-première (parce qu’il est bon de se diversifier et que c’est passionnant à faire !). Et j’ai beaucoup d’admiration pour Martel, grande réalisatrice argentine qui porte un discours rare sur le cinéma et la fabrication du récit et du regard dominants.
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
La Belle verte (Coline Serreau, 1996) parce qu’il est urgent qu’on s’en inspire ; entourée de femmes de la trempe de celles de The Hours (Stephen Daldry, 2002), au risque de tomber dramatiquement amoureuse tous les quatre matins ; et je veux bien aussi la lumière et la maison de vacances dans la Drôme de L’Homme de sa vie (Zabou Breitman, 2006) pour boire des coups et refaire le monde avec Viggo Mortensen.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est-ce qui t'a poussée à le rejoindre ?
J’ai rejoint le CA il y a deux ans. J’avais un fort besoin de me sentir « appartenir » : à ma profession, à un groupe, à un système de réflexion et d’action. Et je voulais contribuer, donner à mon tour.
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend la plus fière et pourquoi ?
Je trouve l’ATAA très douée pour créer des liens et de la solidarité, et pour la reconnaissance de nos différentes activités. Et aujourd’hui, je suis touchée par la mobilisation avec le collectif En chair et en os, pour défendre nos métiers et l’être humain, tout simplement. Bref, on s’ATAAche !
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Beaucoup de collègues m’inspirent et m’influencent, je ne peux pas citer tout le monde (et paf, une phrase épicène). Je les remercie du fond du cœur ! Et j’aime les passages de relais et les entrelacs de points de vue entre générations. À nous tous, on forme un écosystème incroyable.
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Je connais mieux mon environnement professionnel (accès à des informations, débats et réflexions partagées). Je me sens mieux outillée et plus légitime, autant pour contribuer à la réflexion en interne que pour représenter ma profession dans ou hors de notre milieu. Et puis je me suis sentie accueillie et valorisée dans le peu que j’apporte, et malgré ma disponibilité limitée et fluctuante et la distance géographique (je vis à 900 km de Paris). J’ai intégré un groupe intelligent, efficace, bienveillant et drôle. Ça ne vous fait pas envie, vous ?!
Cette semaine, commençons avec Maxime Place, seul garçon et dernier arrivé au sein du Conseil d'administration.
- Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traducteur adaptateur ?
Pouvoir participer à des œuvres qui vont potentiellement marquer des gens. Personnellement, je me suis toujours nourri d’œuvres audiovisuelles et j’ai été marqué au fil des années par certaines VF, et parfois même certains sous-titres. En tant qu’adaptateur, on travaille aussi souvent sur des programmes que personne ne verra, mais quand on nous confie une petite pépite, c’est très satisfaisant de pouvoir la « transmettre » à un public francophone.
- Quel mot étranger trouves-tu particulièrement intraduisible et pour quelle raison ?
Il y en a plein, mais le mot sur lequel je m’arrache toujours les cheveux, c’est excited. Soit on contourne, mais on perd un peu de sens, soit on utilise « exaltant » qui est carrément soutenu, soit on utilise un vilain calque qui peut donner un double sens malvenu à la phrase…
- Quelle est la langue que tu ne parles pas, mais que tu rêverais de maîtriser ?
Le japonais ou le coréen. J’ai étudié le japonais en seconde langue à la FAC, mais je ne le parle pas couramment et ça reste une petite frustration. Je m’étais intéressé au coréen, mais j’ai mis tellement de temps à avoir des bases de japonais que je ne me voyais pas recommencer à apprendre un alphabet, etc. Ce sont des langues qui demandent beaucoup d’investissement.
- Quel est le projet de traduction/adaptation dont tu es le plus fier et pourquoi ?
Ma carrière est encore assez courte, mais je travaille sur la série Evil, maintenant diffusée sur Paramount+, et on m’a confié le sous-titrage à partir de la saison 3. C’est une chouette série que personne ne connaît. Le pitch, c’est une psychologue judiciaire engagée par l’Église pour enquêter sur des cas de possession et déterminer si la personne a des problèmes médicaux, ou si elle est réellement possédée… Je vous encourage à aller voir, c’est vraiment sympa !
- Si tu pouvais vivre dans l'univers d'un film ou d'une série, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Un de mes films préférés, c’est La Route d’Eldorado, un Dreamworks des années 2000. Franchement, vivre à l’époque des Incas, dans une cité d’or, et passer la journée à jouer au basket avec des potes et à faire des banquets en l’honneur des dieux (bon, si on met de côté tout l’aspect sacrifices), ça me botterait bien. Il fait beau, les couleurs sont magnifiques, c’est une cité autosuffisante… Et puis, la musique est top.
- Depuis combien de temps fais-tu partie du CA de l'ATAA et qu'est-ce qui t'a poussé à le rejoindre ?
Je fais partie du CA depuis cette année. J’ai voulu le rejoindre parce que je souhaitais m’engager un peu plus pour défendre la traduction audiovisuelle et aussi mettre en avant le jeu vidéo à l’ATAA. J’étais aussi admiratif du travail qui était fait pour le doublage et le sous-titrage, et quand j’ai su le peu de personnes membres du CA, je me suis dit qu’une de plus ne serait pas de trop.
- Quelle avancée ou réalisation de l'ATAA te rend le plus fier et pourquoi ?
Déjà, je suis très fier quand je vois que des négos avec des studios aboutissent à quelque chose.
Mais ce qui m’a le plus marqué récemment, c’est l’ajout de l’onglet jeu vidéo au répertoire de l’ATAA, ainsi que l’arrivée d’une quinzaine de membres spécialisés dans le JV, depuis mon arrivée au CA. Je suis spécialisé en doublage et sous-titrage, mais le jeu vidéo est une branche qui me tient à cœur et je suis très content qu’il ait sa place au sein de l’ATAA. Plus on sera de membres à en faire, plus on pourra défendre cette branche trop souvent mal considérée.
- Y a-t-il une personne au sein de l'association qui t'inspire ou qui a eu un effet sur ton parcours ?
Évidemment, Coline Magaud, qui m’a donné de précieux conseils au tout début, et m’a encouragé, aux côtés de Sylvestre Meininger, à rejoindre l’ATAA. C’est également elle qui m’a poussé à entrer au CA et à représenter le jeu vidéo. Je suis admiratif de son travail, de son degré d’implication dans l’asso, et je sais que je peux compter sur elle en cas de doute ou d’interrogations sur le travail, le fonctionnement de l’ATAA, etc. (J’arrête d’envoyer des fleurs avant qu’elle prenne trop la confiance.)
J’aime également le travail que propose Lilia Adnan sur certains programmes d’horreur et de fantastique, qui sont des univers qui me parlent particulièrement.
- Comment le CA de l'ATAA a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et professionnel ?
Pour commencer, on se sent tout de suite moins seul. Ça fait du bien de pouvoir poser des questions, être guidé, entouré par des gens plus expérimentés et qui se sont souvent posé les mêmes questions avant nous.
C’est aussi un excellent moyen de sortir de son trou et de rencontrer du monde lors des évènements organisés par l’asso. C’est souvent sur Paris, mais je sais que les rares fois où je m’y rends, je passe un super moment, je rencontre des collègues et je suis ravi d’avoir fait le déplacement.
Globalement, j’ai l’impression d’être entouré de collègues avec qui échanger nos points de vue et nous serrer les coudes, ce qui est essentiel dans un métier où on est trop souvent isolés.