Et le mot de la fin pour Clément Martin, traducteur de jeux vidéo !
- Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?
Mon tout premier (et seul à ce jour) contrat en audiovisuel remonte à avril 2020 (pour m’occuper pendant le confinement, c’était super) : c’était de la voix-off pour un documentaire, je n’y connaissais rien et j’ai fait de mon mieux. J’ai été payé, j’imagine que ça veut dire que le client était content.
Sinon, je traduis à temps plein depuis septembre 2021, et je ne fais plus trop d’audiovisuel à part pour le jeu vidéo, qui est ma deuxième casquette principale (une image mentale toujours délicieuse, les casquettes multiples).
- Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?
Dans The Wire (la meilleure série du monde, cherchez pas j’ai raison), il y a un personnage de journaliste qui dit qu’il est trop simple pour vouloir des prix, il veut juste voir quelque chose de nouveau tous les jours, et écrire un papier là-dessus.
C’est pour ça que j’aime la traduction : découvrir des choses nouvelles tous les jours, et devoir faire preuve de créativité pour les faire passer dans la langue cible. Ça, et le fait de travailler sous contraintes, nombreuses quand on fait du jeu vidéo (nombre de caractère, contexte réduit, question de genre, etc.)
- Quelle est l’œuvre audiovisuelle à laquelle tu as contribué que tu préfères ?
Je ne sais pas si c’est celle que je préfère, mais il y a un jeu qui a marqué ma (courte) carrière de localisateur : Under the Waves, de Parallel Studio. C’est un jeu d’aventure développé par les Français de Parallel Studio, qui se passe dans un environnement sous-marin, avec une narration assez développée. Et c’est à ce jour le seul jeu sur lequel j’ai travaillé qui était... doublé en français !
C’est banal pour des gens qui passent leurs journées à faire de la VF, mais ça a fait un petit quelque chose à mon cœur de localisateur. Certes, j’étais un peu triste quand j’ai entendu que l’acteur n’avait pas (sûrement à raison) décidé de chanter le passage dans lequel je citais secrètement France Gall, mais bon.
- Qu'est-ce qui t’a motivé·e à rejoindre le conseil d'administration de l’ATAA ?
Les gens, d’abord ! Une équipe très sympa et accueillante, qui fait tout pour te mettre à l’aise et te donner envie de contribuer à améliorer la visibilité de notre métier et les conditions dans lesquelles on l’exerce.
Ça, et le fait que j’aime bien essayer de m’impliquer pour défendre mon métier. Même si ça se heurte parfois à un écueil : le temps libre.
- Quelles compétences spécifiques apportes-tu à l'association ?
Ma passion pour les tableaux Excel et ma connaissance du milieu de la traduction de jeu vidéo. Cela étant, je suis surtout rentré au CA pour être le bras droit vidéoludique de Maxime Place qui connaît déjà tout ça très bien, donc je lui ai essentiellement fourni mon soutien moral.
- Après cette première année au sein du CA, quel bilan retires-tu de cette expérience ?
Eh bien je peux confirmer que l’équipe est aussi chouette que ce à quoi je m’attendais, mais aussi compréhensive...
En effet, même si j’avais un mandat très clair de bras droit de Maxime, mon engagement dans d’autres associations (et, accessoirement, le travail qui paye les factures) ne m’ont laissé que très peu de temps pour m’investir auprès de l’ATAA, et je n’ai donc pas servi à grand-chose.
Cela étant, j’en retire que c’est une structure qui a à cœur le bien-être de ses adhérents, et dans laquelle, si on y met le temps nécessaire, on peut, à sa mesure, faire évoluer les choses dans le bon sens. Et en plus rencontrer des gens super et boire des coups. Que demande le peuple ?
- Selon toi, quelle est la mission la plus importante que l'association devra accomplir dans les années à venir ?
Au risque de radoter et de répéter ce que d’autres auront sûrement dit : la passion de l’industrie dans son ensemble pour l’intelligence artificielle générative, qu’on vante comme l’avenir, mais qui est surtout une façon bien pratique de réduire les coûts et de se passer de tous ces travailleurs et travailleuses qui font rien qu’à demander qu’on les paye pour leur expertise. Insupportable.
Lutter contre l’IAG, donc, et aussi pour défendre nos conditions de travail, la valeur de notre métier et la culture en général dans un climat où la folie libérale et la montée de l’extrême droite se font chaque jour plus menaçantes. Et joyeux Noël !
- Et enfin, quel conseil donnerais-tu à une personne qui débute dans ce métier ?
De ne pas se laisser décourager par ma réponse à la question précédente, déjà. De rendre ses traductions en temps et en heure, parce qu’on rappelle plus facilement les gens sur qui on peut compter. De ne pas brader ses tarifs (autant que possible), parce que les gens qui débutent ont néanmoins des compétences qui méritent un salaire digne. De se rapprocher des syndicats et associations pour s’informer et se défendre. Et, dans tout ça, de ne pas oublier de prendre du plaisir, parce que c’est un grand même un beau métier qui mérite qu’on le fasse, et qui mérite d’être défendu ! Merci l’ATAA !
Place à celle qui dès le début n'a pas eu peur de sauter dans le grand bain en acceptant le poste de trésorière adjointe : Carolle Colin !
- Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?
Ma première expérience professionnelle dans la traduction remonte à mon stage de fin d’études en 2016 et j’ai signé mes premières adaptations en freelance en 2017.
- Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?
Je dirais qu’il y en a deux : le travail de recherche et la créativité nécessaires à toute adaptation.
Notre métier requiert d’abord une grande rigueur intellectuelle. J’ai tendance à nous voir comme des caméléons : à travers nos textes, on doit être capables de se faire passer pour des spécialistes des domaines que l’on traduit. Pour maîtriser un sujet et son jargon, il faut en comprendre les subtilités, exploiter des sources variées, interroger des professionnel·les ou des passionné·es... C’est ce qui nous distingue d’un dictionnaire ou d’un logiciel de traduction automatique. Tout ce travail d’investigation stimule ma curiosité et je me découvre des passions pour des sujets sur lesquels je ne me serais peut-être jamais penchée si je n’avais pas exercé ce métier.
La dimension artistique de l’adaptation me fascine aussi énormément. En voice-over et en doublage, nos dialogues sont destinés à être joués par des comédien·nes et doivent refléter la personnalité et les émotions des personnages le plus fidèlement possible. Qu’il s’agisse de candidat·es de télé-réalité ou d’héroïnes et de héros de séries, je prends un plaisir fou à me mettre dans la peau des protagonistes des programmes que j’adapte pour leur offrir les répliques les plus fluides et crédibles possibles en français. La sensibilité artistique et la gestion du rythme qu’exige le dialogue dramatique me tiennent particulièrement à cœur.
- Quelle est l’œuvre audiovisuelle à laquelle tu as contribué que tu préfères ?
Percy Jackson et les Olympiens, sans hésitation. La saga littéraire de Rick Riordan a eu un véritable impact sur ma construction d’adolescente et de jeune adulte : étant diagnostiquée d’un TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité), je me suis toujours sentie en décalage avec les autres. Mais dans l’univers de Percy Jackson, le TDAH est une caractéristique courante chez les jeunes demi-déesses et demi-dieux, c’est même ce qui les aide à survivre dans le monde des mortel·les ! Cette œuvre m’a appris à accepter ma différence et à en faire une force.
Alors quand on m’a proposé de participer à la VF de la série, j’avoue avoir versé une larme (en vérité, j’ai tellement pleuré que mon mari a cru qu’on venait de m’annoncer un drame). En tant que fan, j’attendais ce projet avec impatience depuis des années ; en tant qu’adaptatrice, j’étais honorée d’apporter ma pierre à un édifice aussi cher à mon cœur. C’était aussi une magnifique preuve de confiance de la part du diffuseur et du studio, avec lesquels j’avais collaboré sur de précédents projets.
- Qu'est-ce qui t’a motivée à rejoindre le conseil d'administration de l’ATAA ?
Cela faisait quelques mois que je réfléchissais à un moyen d’apporter mon aide à l’association, sans trop savoir ce que je pouvais faire à ma petite échelle. J’ai d’abord été très touchée par les portraits des membres du conseil d’administration de l’an dernier. Ils m’ont permis d'associer des visages et des témoignages à des noms que je voyais souvent sur les réseaux sociaux et à prendre conscience que, derrière cette association de plus de 600 membres, seule une poignée de bénévoles œuvraient activement dans l’ombre pour le bien de toute la profession. J’ai été particulièrement impressionnée par la détermination de Maxime Place, le benjamin du CA. Je me suis dit que si quelqu’un de plus jeune que moi avait les épaules pour s’investir autant dans l’association, je n’avais aucune raison de ne pas me sentir légitime à me présenter. Les millenials et la génération Z ont aussi voix au chapitre !
J’ai aussi participé à une intervention à l’université Paris-Nanterre avec Coline Magaud pour présenter l’ATAA aux étudiant·es du master de traduction audiovisuelle, dont nous sommes toutes les deux diplômées. À cette occasion, Coline m’a expliqué plus en détail les missions et le fonctionnement du CA. Au début, j’avais peur de ne pas être à la hauteur des responsabilités qui incombent aux administrateur·ices de l’association, mais Coline a pris le temps de me rassurer et de m’expliquer que chaque membre était libre de s’investir en fonction de son temps et de ses capacités. Ça m’a d’autant plus motivée à me lancer dans l’aventure. Et puis, il faut bien avouer que c’est grisant, d’être dans les coulisses d’une association qui joue un rôle aussi important dans notre secteur d’activité.
- Quelles compétences spécifiques apportes-tu à l'association ?
Comme j’ai toujours aimé la prise de notes et que j’ai une bonne vitesse de frappe, ma principale contribution est la prise de comptes-rendus des réunions mensuelles du conseil d’administration. En tant que trésorière adjointe, j’apporte aussi mon aide à Simona Florescu, notre trésorière, sur des tâches ponctuelles. Je garde aussi un œil sur les échanges du Discord du CA, sur lequel j’apprends beaucoup de choses.
Avant d’entrer au CA, j’avais peur que mon côté introverti m’empêche de m’investir pleinement dans ce rôle, mais on m’a confié des missions qui correspondaient autant aux besoins de l’association qu’à ma personnalité et mes compétences.
- Après cette première année au sein du CA, quel bilan retires-tu de cette expérience ?
Cette année au sein du CA m’a aidée à développer mon esprit d’équipe, que j’avais un peu négligé depuis mes débuts en free-lance. J’ai aussi rencontré des collègues incroyables qui m’ont épaulée à de nombreuses reprises. À force de travailler seul·e chez soi devant un écran, on a tendance à oublier que d’autres personnes sont confrontées aux mêmes difficultés, et c’est rassurant de savoir que l’on peut se confier à ses pairs. J’ai aussi appris une multitude de choses sur mon métier et sur les institutions qui gravitent autour. Aujourd’hui, je me sens plus légitime et bien mieux armée pour défendre mes droits auprès de mes client·es.
- Selon toi, quelle est la mission la plus importante que l'association devra accomplir dans les années à venir ?
À mon sens, le développement de l’intelligence artificielle générative est la plus grande menace qui pèse sur notre profession. Je pense que l’ATAA est la mieux placée pour défendre les auteur·ices de doublage, de sous-titrage, de jeux vidéo, de SME et d’audiodescription face à ce risque et je sais qu’elle mettra tout en œuvre pour les protéger.
- Et enfin, quel conseil donnerais-tu à une personne qui débute dans ce métier ?
Ne reste pas isolé·e (pardon, je me permets de te tutoyer, personne-qui-débute-dans-ce-métier) ! Je prêche pour ma paroisse, mais mon adhésion à l’ATAA dès mes débuts en free-lance m’a énormément aidée à bien démarrer, à prendre de bons réflexes et à suivre l’exemple de professionnel·les chevronné·es. C’est un métier solitaire, mais qui demande aussi des compétences relationnelles qu’il ne faut pas négliger si l’on veut tenir sur la durée. Bien s’entourer permet aussi de prendre confiance en ses capacités et de prendre du recul sur son travail. Les relectures croisées entre collègues, les passages en studio et les discussions sur le Discord de l’ATAA sont des outils qui te permettront de t’améliorer et devenir un·e adaptateur·ice aguerri·e. Le programme de tutorat de l’ATAA est aussi un excellent moyen de démarrer ta carrière sereinement grâce au soutien d’une marraine ou d’un parrain.
Preuve vivante que l'on peut s'engager dans la vie de l'association dès l'instant où l'on en devient membre et deuxième Alsacienne à rejoindre le CA : Hélène Igersheim !
- Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?
En 2025, j’entrerai dans ma douzième année dans ce domaine, dont neuf en tant que traductrice‑adaptatrice indépendante.
- Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?
Pouvoir allier ma passion pour le cinéma et les langues en reconstituant un univers, une ambiance ou des relations humaines complexes grâce aux mots, je trouve ça magique. Souvent frustrant, certes, mais c’est un exutoire idéal pour exprimer sa créativité.
- Quelle est l’œuvre audiovisuelle à laquelle tu as contribué que tu préfères ?
Je suis toujours ravie quand j’ai l’occasion de travailler sur des projets brésiliens et, au fur et à mesure des années, ces occasions se sont multipliées, donc je parlerai de mon dernier projet en date : Manas, de Marianna Brennand qui a obtenu, fin novembre, le prix du public au Festival des 3 Continents et qui sortira en salle début janvier. Ce film expose les dynamiques et traditions qui mènent aux violences sexuelles systémiques et souvent domestiques qui touchent les mineures dans les régions isolées d’Amazonie.
- Qu'est-ce qui t’a motivé·e à rejoindre le conseil d'administration de l’ATAA ?
J’étais adhérente depuis seulement un an quand j’ai décidé de rejoindre le CA. Je suis allée à des réunions mensuelles et ça m’a donné envie de participer plus activement. Même si je n’habite plus à Paris, je peux aider de plein de manières différentes, les tâches sont variées, on apprend toujours quelque chose sur nos métiers et dans un ambiance conviviale, ce qui ne gâche rien.
- Quelles compétences spécifiques apportes-tu à l'association ?
J’ai un grand souci du détail, j’apporte mon aide dès que je le peux et je n’ai pas peur de poser des questions ou de sortir de ma zone de confort. En tant qu’ancienne chargée de projet, mon point de vue peut être utile pour mieux comprendre les mécaniques internes des sociétés de post-production.
- Après cette première année au sein du CA, quel bilan retires-tu de cette expérience ?
Cette première année au sein du CA m’a fait comprendre que quand on pense à l’ATAA, on voit notamment les prix, les portes ouvertes, les moments de convivialité lors de différents événements, mais c’est aussi et surtout de riches échanges avec des interlocutrices et interlocuteurs de tous bords pour défendre nos droits, et pour maintenir et pourquoi pas améliorer nos conditions de travail. Cela demande du temps, de l’énergie et de la diplomatie. Faire partie du CA, cela permet de se tenir au courant des dernières actualités concernant nos métiers, mais aussi de voter pour la couleur de l’affiche qu’on préfère et de soutenir un collègue quand il veut faire fabriquer des pin’s représentant le logo de l’ATAA. On y fait plein de choses !
- Selon toi, quelle est la mission la plus importante que l'association devra accomplir dans les années à venir ?
La mission la plus importante sera, sans l’ombre d’un doute, de faire front avec tous les acteurs de l’audiovisuel et de légiférer sur la question de l’IA et IAG.
- Et enfin, quel conseil donnerais-tu à une personne qui débute dans ce métier ?
Mon conseil serait de vous renseigner sur les bonnes pratiques et de communiquer avec d’autres professionnels plus expérimentés afin de disposer d’une base solide avec tous les outils nécessaires pour pouvoir se lancer et vivre de ce métier. Que ce soit le statut le plus adapté à votre activité, les tarifs, la négociation, la comptabilité, la fiscalité et j’en passe, beaucoup de ces sujets ne sont pas abordés ou simplement survolés en master. En avoir conscience et s’informer au mieux permet de prendre confiance en soi pour faire face à ce qui vous attend au quotidien.
Deuxième nouvelle recrue à se prendre au jeu du portrait : Alice Vial, la membre du CA qui peut nous apporter des cannelés de Bordeaux en provenance directe !
- Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?
J’ai commencé mon activité d’adaptatrice, en 2015 à la suite de l’obtention de mon master à Nice.
- Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?
La découverte permanente qu’il permet, que ce soit quand on se creuse la tête à trouver la bonne formule, en découvrant au passage des expressions qu’on ne connaissait pas, des termes qu’on employait mal, des trouvailles qui nous rendent fier·e, ou au niveau de la diversité des programmes qu’on peut adapter : parfois on est sur un projet qui ne nous emballe pas forcément à première vue, et puis on s’attache à des personnages, on se prend à une intrigue, on apprécie un genre qu’on ne connaissait pas… et on finit nostalgique à la fin du projet. On l’entend souvent aussi mais, quand on a l’occasion d’aller en studio, la magie de voir ses mots prendre vie à la barre, c’est un chouette moment pour un·e auteurice. D’autant que c’est aussi l’occasion de défendre nos choix de traduction et ça donne souvent lieu à des échanges très intéressants et constructifs.
- Quelle est l’œuvre audiovisuelle à laquelle tu as contribué que tu préfères ?
C’est difficile comme question, parce que je crois qu’à une ou deux exceptions près (désolée, le golf), j’ai aimé tout ce sur quoi j’ai travaillé, parce que ce sont des défis toujours différents. Je dirais peut-être Skin de Guy Nattiv, qui est le premier long-métrage qu’on m’ait confié : c’est l’histoire vraie d’un néo-nazi qui tente de se défaire du groupuscule ultra-violent auquel il appartient. Je sortais de projets plus légers de sitcoms jeunesse, où les blagues fusent dans tous les sens : changement d’ambiance ! Ce client m’a ensuite confié l’adaptation d’autres longs-métrages vraiment intéressants, dont Vivarium dont je suis aussi très fière, ce qui est très encourageant quand on a un petit manque de confiance en soi. Ce qui contribue largement à ce que j’apprécie ou non un projet, et qui explique que j’aie du mal à choisir mon préféré, c’est aussi les échanges avec les co-auteurices avec qui on le partage : quand on travaille sur une même série, parfois sur plusieurs années, même sur des programmes peut-être moins considérés comme les sitcoms (à tort !), il y a un vrai esprit d’équipe qui s’installe, et c’est ce qui rend notre métier si enrichissant.
- Qu'est-ce qui t’a motivé·e à rejoindre le conseil d'administration de l’ATAA ?
J’ai participé à un collectif qui a engagé des discussions au sujet des tarifs auprès d’un studio de doublage en particulier, et l’ATAA s’est montrée d’une aide précieuse pour nous accompagner. Confrontée à la difficulté que peut parfois représenter ce genre de discussions, que ce soit avec le studio ou avec mes confrères et consœurs, j’ai parfois été découragée. J’ai pris conscience du travail abattu par les membres du CA, et de la dose de bonne volonté que ça nécessite, dans ce qui s’apparente parfois à une lutte permanente, alors qu’on essaie toustes, clients, studios, auteurices, d’œuvrer pour la même chose : un métier dans lequel on peut s’épanouir et transmettre au public toute la beauté d’une œuvre originale dans sa langue. J’ai voulu mettre la main à la pâte, moi aussi, pour empêcher que ce découragement ne gagne du terrain, et que les chantiers nombreux et profondément nécessaires que l’ATAA mène ne soient vains.
- Quelles compétences spécifiques apportes-tu à l'association ?
Pour l’instant, je suis un peu en stage d’observation : je lis les échanges, j’essaie de me faire un avis sur les différents sujets sur lesquels l’ATAA défend son point de vue pour les auteurices, et d’alléger la charge en prenant ma part, même si ça ne consiste encore qu’à répondre aux mails et faire un peu de rangement ! Je reste par ailleurs engagée avec le même collectif d’auteurices de doublage, qui essaie de conserver et/ou obtenir les meilleures conditions de travail sans jamais négliger le maintien de bonnes relations avec les studios.
- Après cette première année au sein du CA, quel bilan retires-tu de cette expérience ?
Je retiens le nombre impressionnant de fronts sur lesquels l’ATAA est présente, et l’étendue des connaissances, précieuses, des membres du CA et d’autres membres actifs sur les différents chantiers. Je suis vraiment reconnaissante et admirative de leur motivation et de leur détermination : iels sont une véritable source d’inspiration, et j’espère vraiment pouvoir rendre un jour ce que l’ATAA m’apporte. Je pense qu’on sous-estime grandement le travail accompli dans les coulisses, et j’encourage donc vivement nos membres à en prendre conscience à leur tour, pour éventuellement, s’iels en ont la possibilité, apporter un petit coup de main à leur échelle.
- Selon toi, quelle est la mission la plus importante que l'association devra accomplir dans les années à venir ?
Continuer à faire de cette profession une équipe unie et solidaire face aux différentes menaces qui pèsent sur notre métier : penser et agir collectif est absolument essentiel, et ça aide énormément à ne pas baisser les bras et à rester optimiste pour notre avenir, et pour celui de la création en général.
- Et enfin, quel conseil donnerais-tu à une personne qui débute dans ce métier ?
Soyez solitaire si vous le souhaitez, mais ne restez pas seul·e : restez informé·e, n’acceptez pas de vous brader, posez des questions, même si elles vous paraissent bêtes, n’ayez jamais peur de demander de l’aide ou des conseils. À mes débuts, j’aurais aimé avoir osé le faire plus souvent : cela m’aurait évité d’accepter des tarifs indécents, et je me serais sans doute rendu compte bien plus vite qu’il existe bien des studios qui respectent le travail des auteurices, et qu’ils ne sont pas inaccessibles. Les plus expérimenté·es sont aussi là pour guider les débutant·es, leur faire éviter les écueils qu’on peut rencontrer, garder espoir aussi, parfois. La solidarité paye toujours, on l’oublie beaucoup trop souvent 😊
Commençons avec celui qui a renvoyé son portrait plus vite que l'éclair et qui a assisté à plus de Points Contact de l'ATAA que quiconque : Yann Lesecq !
- Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?
Les prémices de mon activité de TAV remontent à 2019. (Oui, late bloomer…)
- Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?
Exerçant principalement pour le doublage, je répondrai la quadrature du cercle, définitivement. Ça et pouvoir m’approprier l’œuvre originale pour en restituer une nouvelle version avec ma propre griffe. (N’aspirerait-il pas secrètement à devenir, un jour, dans une autre vie, scénariste ? Mmmmmaybe.) Je trouve aussi le passage en studio passionnant. Assister en direct live au split de mon cerveau en 3 entités autonomes (technique/direction artistique/interprétation) pour donner vie au texte, c’est particulièrement magique. Surtout quand « ça marche ». Et puis étant musicien à mes heures perdues (d’ailleurs, si vous les retrouvez, faites-moi signe, j’en ai besoin), le studio, forcément…
Quelle est l’œuvre audiovisuelle à laquelle tu as contribué que tu préfères ?
Je dois en citer deux. La première : Ronya, fille de brigand. Par un (heureux ?) concours de circonstances, je me suis retrouvé à adapter seul les 12 épisodes de cette série tirée d’un livre pour enfant d’Astrid Lindgren (la « maman » de Fifi Brindacier) dans des conditions extra avec un rendu très chouette. C’est le plus gros projet auquel j’ai eu la chance de participer pour l’instant. Et la seconde : Tout lâcher ? Malgré un titre FR qui laisse à désirer (et qui n’est pas de mon fait), ce film assez dur émotionnellement qui m’a donné du fil à retordre a abouti à un résultat que je trouve particulièrement réussi au niveau de l’écriture et du synchronisme (instant chevilles qui ne rentrent plus dans les chaussures) et qui s’est retrouvé en TOP 2 sur Netflix France (instant chevilles qui ne rentrent plus dans le magasin de chaussures) et TOP 1 mondial, preuve que le film en soi était déjà vraiment bon, ce qui aide énormément.
- Qu'est-ce qui t’a motivé à rejoindre le conseil d'administration de l’ATAA ?
Le fait d’avoir assisté à de nombreux C.A. en tant qu’adhérent et de constater à quel point les personnes qui y siègent et se démènent pour nous se retrouvaient au bout du rouleau par manque de soutien. L’appel aux bonnes volontés de Perrine Dézulier a fini de me convaincre qu’il était temps de me relever un peu les manches pour rendre la pareille.
- Quelles compétences spécifiques apportes-tu à l'association ?
Compétences, je ne sais pas trop. Peut-être mon passif de responsable administratif dans une vie précédente ? Je parlerais plutôt de qualités (les chevilles, tout ça…) : curiosité, envie d’aider à faire aboutir des choses, … Et je sèche pour les éventuelles autres qualités. J’ai aussi des défauts qui servent à l’asso : je suis borné et (quasiment) toujours connecté à Discord.
- Après cette première année au sein du CA, quel bilan retires-tu de cette expérience ?
I’m just getting started, baby ! C’est tellement réconfortant et sécurisant d’être au milieu de toutes ces personnes motivées, impliquées, gavées de connaissances sur tellement de sujets qui nous touchent toutes et tous de près ou de loin… Et il y a beaucoup de choses en cours et à venir que j’ai envie de suivre depuis les premières loges.
- Selon toi, quelle est la mission la plus importante que l'association devra accomplir dans les années à venir ?
Celle pour laquelle l’asso a été créée : défendre nos métiers. Sans vouloir dramatiser, les périls sont légion et si nous perdons la cohésion qu’apporte l’ATAA face au reste de l’industrie, je ne donne pas cher de notre survie en tant que professionnel·les indépendant·es.
- Et enfin, quel conseil donnerais-tu à une personne qui débute dans ce métier ?
Rejoindre l’ATAA, venir assister aux CA, aux Portes Ouvertes, aux Prix, faire connaissance avec les consœurs et les confrères pour échanger, apprendre, et comprendre qu’on n’est pas juste un grain de sable dans le désert mais le maillon d’une communauté riche de savoirs, d’expériences et d’humanité. Ça et s’armer de patience pour l’URSSAF.
Pour retrouver le portrait des membres plus anciens du CA, c'est par ici !