Journaldécembre 2025

Vie de l'ATAA
03/12Portes ouvertes

Portrait des nouveaux membres du Conseil d'Administration - Saison 3

Pour la troisième année consécutive, les nouveaux membres du CA se prêtent au jeu des portraits. Découvrez qui sont ceux qui sont venus renforcer les rangs de l'ATAA en 2025 !

Deuxième portrait 2025, celui du chat du CA qui en est sorti pour mieux y re-rentrer, Jean-François Cornu !

Crédit photo : Estelle Renard
Nous vivons actuellement [...] un basculement dont tout le monde ne semble pas encore mesurer la gravité. Pour ma part, et bien que je ne sois évidemment pas au début de ma carrière, je ne peux pas rester les bras ballants face à ce bouleversement.
  • Quel a été le déclic qui t'a donné envie de te lancer dans la traduction ou l'adaptation audiovisuelle ?

Je ne voulais pas devenir prof ! Au tournant des années 1970-1980, lorsque j’étais étudiant en anglais, faire des études de langues, c’était forcément pour devenir enseignant dans le secondaire, du moins selon les universitaires de l’époque. Cette perspective ne me séduisait pas du tout. Mon goût de la langue anglaise et des cultures dont elle est l’expression se doublait d’une passion pour le cinéma. Quand j’ai découvert l’existence, alors toute récente, d’un DESS en traduction cinématographique à Lille – devenu le Master aujourd’hui bien connu –, j’ai trouvé le moyen d’allier mes deux passions, dans l’espoir que je pourrai en faire mon métier.

  • Quel projet a constitué pour toi le plus grand défi technique, artistique ou humain ?

Le sous-titrage de King Lear, de Jean-Luc Godard. Présenté en 1987 au Festival de Cannes, sans sous-titres à la demande du cinéaste, ce film n’est sorti en salles en France qu’en 2002. Il s’agit d’une réflexion très godardienne sur l’idée d’adapter au cinéma Le Roi Lear de Shakespeare. Différentes scènes écrites par Godard se succèdent, entrecoupées d’extraits de la pièce joués, ou plutôt dits, par plusieurs comédiens.

Je disposais d’une transcription qui ne distinguait pas les dialogues de Godard de ceux de la pièce. Bien sûr, le style shakespearien était facilement reconnaissable, mais la liste des dialogues ne donnait aucune précision sur l’acte et la scène où se trouvait telle ou telle réplique, que j’ai dû dénicher en lisant attentivement une édition bilingue anglais-français de la pièce. Car nous étions au début des années 2000 et tout Shakespeare n’était pas encore sur Internet.

En outre, dans l’une des dernières scènes du film, un texte est dit, dont le style n’était manifestement dû ni à Godard ni au grand Will. Littéraire, mais beaucoup plus contemporain. Évidemment, la transcription n’offrait aucun indice non plus. Grâce à une portion de phrase, Internet est tout de même venu à ma rescousse, non pas en m’indiquant d’emblée d’où provenait ce passage, mais par la présence de ce fragment dans un article universitaire à propos de… Virginia Woolf : il s’agissait d’un passage de la fin des Vagues. Cela ne s’invente pas !

Toutefois, un indice à l’image aurait pu me mener plus vite sur la bonne piste. Dans un plan large, on aperçoit une édition de poche du livre en anglais, posée sur un rivage (comme il se doit) et dont le titre est bien lisible au premier plan. Seulement, sur mon petit écran de télé de l’époque et avec une VHS de qualité moyenne, cette couverture était parfaitement illisible. Ce n’est que plus tard, en projection de presse sur grand écran, que j’ai repéré ce détail qui aurait pu me faire gagner un peu de temps.

  • Y a-t-il une scène, une réplique ou un dialogue que tu as traduit/adapté et dont tu te souviendras toujours ?

Tous les dialogues de L’Ombre d’un mensonge, de Bouli Lanners, sorti en France en 2022. Ce film se déroule sur l’île écossaise de Lewis et le cinéaste-comédien belge l’a tourné presque entièrement en anglais, à l’exception de deux scènes en français, que mon ami Ian Burley a sous-titrées en anglais pour la version originale, dont le titre est Nobody Has to Know.

Comme dans ses films en français, Bouli Lanners a écrit, pour L’Ombre d’un mensonge, des répliques très épurées, parfois déconcertantes. Ces dialogues ne disent souvent que le strict minimum et c’est au spectateur de comprendre peu à peu les situations et les rapports entre les personnages.

Le même souci d’épure s’est imposé à l’écriture des sous-titres français, souci accentué par le contexte singulier dans lequel ce travail a eu lieu, au fil de l’année 2020. Les longues interruptions dues aux confinements alors en vigueur en Belgique (pays de production du film) et en France ont amené le cinéaste à retravailler plusieurs fois son montage et à épurer encore ses dialogues, en supprimant ici et là quelques répliques, mais aussi en ajoutant des scènes qui ne figuraient pas dans le premier montage dont j’avais disposé. C’est au terme de quatre versions différentes que j’ai pu faire la simulation à Bruxelles fin 2020, avec la participation de Bouli Lanners. Un bonheur !

  • Comment as-tu su que c'était le bon moment pour rejoindre le CA ?

J’ai été membre du CA de 2018 à 2020, puis à nouveau en 2025, avec l’intention de poursuivre en 2026. Auparavant, j’avais participé à la belle aventure de L’Écran traduit, avec Anne-Lise Weidmann, Samuel Bréan et Till Zimmermann. Il me semblait que le temps était venu de contribuer sous une nouvelle forme à la vie de l’association et à la défense de nos métiers. Je me suis engagé notamment pour faire entendre la voix de l’ATAA auprès des institutions, à la suite du rapport « L’auteur et l’acte de création » de Bruno Racine, qui, entre autres, entendait créer un nouvel organisme de sécurité sociale pour les artistes-auteurs. Sur ce point, on a aujourd’hui l’impression d’avoir piétiné depuis trois ans. Mais il en faut plus pour me dissuader de l’engagement associatif !

  • Quelle expérience ou expertise personnelle aimerais-tu mettre davantage au service de l'ATAA dans les mois à venir ?

Celles que je mets déjà depuis plusieurs années au service de l’association, notamment au sein de l’AVTE, notre fédération européenne des associations de traducteurs de l’audiovisuel. L’ouverture sur l’international me paraît indispensable si nous voulons défendre et promouvoir efficacement nos métiers car beaucoup de choses se jouent aujourd’hui à l’échelle européenne et mondiale. Notamment cette satanée IA, contre laquelle il faut combattre sans relâche, en traduction comme dans bien d’autres domaines. Le recul que m’offrent quelques décennies d’activité me permet de comprendre qu’il ne s’agit pas simplement d’une nouvelle étape technique, comme l’arrivée de l’informatisation, de la vidéo, puis du numérique dans nos professions. C’est une destruction de nos savoir-faire et de notre créativité qu’il faut dénoncer, non seulement pour préserver notre gagne-pain, mais pour le respect des œuvres – quelle que soit leur qualité artistique – que nous traduisons et pour le respect du public.

  • Qu'as-tu découvert sur l'association ou sur le métier en intégrant le CA, que tu ne soupçonnais pas avant ?

La grande diversité de ce qu’on appelle aujourd’hui la traduction audiovisuelle, qui comprend la localisation de jeux vidéo ou l’audiodescription, par exemple. Mais aussi, malheureusement, le grand cloisonnement entre les métiers en fonction du débouché des œuvres traduites, des conditions de travail et de rémunération. Pourtant, nous devrions toutes et tous être logés à la même enseigne, que l’on ait pour client un distributeur ou un prestataire technique.

  • Quel changement récent dans le secteur te semble le plus déterminant pour notre avenir ?

La question de l’IA est LE sujet d’actualité, dans tous les domaines de traduction d’ailleurs. Nous vivons actuellement, non pas une période de transition comme nos métiers en ont connu par le passé, mais un basculement dont tout le monde ne semble pas encore mesurer la gravité. Pour ma part, et bien que je ne sois évidemment pas au début de ma carrière, je ne peux pas rester les bras ballants face à ce bouleversement.

  • Quelle est la meilleure leçon que tu aies apprise depuis tes débuts, et que tu aimerais transmettre aux nouvelles et nouveaux arrivant·es ?

Solidarité et joie du travail collectif.

Commençons avec Julie Verdalle, celle qui n'a pas eu peur de sauter dans le grand bain en se proposant de devenir secrétaire adjointe dès son premier mandat au sein du CA.

Quand tout semble partir à vau-l’eau, c’est réconfortant de se dire qu’au moins, on ne reste pas sans rien faire.
  • Quel a été le déclic qui t’a donné envie de te lancer dans la traduction ou l’adaptation audiovisuelle ?

J’ai toujours aimé jouer avec les mots. Quand j’avais 10-11 ans, frustrée de ne pas comprendre mes chansons anglophones préférées, j’ai entrepris de les traduire munie seulement d’un dictionnaire bilingue et des fiches de paroles qu’on trouvait dans Star Club (instant nostalgie). Le résultat au mot à mot ne voulait pas dire grand-chose, mais j’ai adoré l’exercice. La preuve, 20 ans plus tard, je continue ! (à traduire, pas à faire du mot à mot…) Et mon esprit joueur apprécie les contraintes liées à l’audiovisuel : il n’y a rien de plus satisfaisant que de trouver LE bon mot qui rentre dans le temps imparti.

  • Quel projet a constitué pour toi le plus grand défi technique, artistique ou humain ?

À ce jour, je reste traumatisée par une émission sur la pêche à la carpe. Un intervenant qui explique d’un ton monocorde pendant 40 minutes comment il fabrique ses propres bouillettes (je vous laisse googler), des termes extrêmement techniques, un script bourré de fautes… J’ai cru ne jamais m’en sortir, et ce, malgré de longues heures passées sur d’obscurs forums de carpistes. Un cauchemar !

  • Y a-t-il une scène, une réplique ou un dialogue que tu as traduit/adapté et dont tu te souviendras toujours ?

Aïe aïe aïe, j’aurais dû prendre des notes au cours des 10 dernières années ! Mais en me creusant un peu la tête, une scène me revient. Dans une émission de divertissement du type The Bachelor, le présentateur demande à un jeune homme quelle loi il aimerait faire passer aux États-Unis. Ce dernier répond : I would ban all guns. The only guns that are allowed are these guns right here (en argot, guns désignent des bras musclés). Et évidemment, il dit ça en roulant ostensiblement des mécaniques. Je l’ai traduit par : « J'interdirais la peine de mort. Car ici, le seul bourreau des cœurs, c'est moi. » J’avoue que je suis assez contente de ma trouvaille !

  • Comment as-tu su que c’était le bon moment pour rejoindre le CA ?

Plus que jamais, je trouve que l’état du monde actuel donne envie de s’engager et de retrouver un sentiment de communauté. Cela faisait un moment que je me disais « Quand même, ils ont bien du courage à l’ATAA, avec tout ce qu’il y a à faire », mais sans vraiment pousser la réflexion plus loin. Alors, quand le CA édition 2024 a lancé un appel aux candidatures, je me suis dit que c’était l’occasion de me bouger les fess… De m’investir et d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Quand tout semble partir à vau-l’eau, c’est réconfortant de se dire qu’au moins, on ne reste pas sans rien faire.

  • Quelle expérience ou expertise personnelle aimerais-tu mettre davantage au service de l’ATAA dans les mois à venir ?

Je compte garder mon rôle de secrétaire adjointe et aider à ce que les rouages de la machine tournent sans encombre. La logistique et l’organisation sont mes domaines de prédilection, donc j’essaie de m’atteler aux chantiers où cela s’avère le plus utile. Vu que je fais partie du comité du Prix Jeux Vidéo, qui se tiendra pour la première fois au printemps 2026, j’imagine que j’aurai de quoi faire !

  • Qu’as-tu découvert sur l’association ou sur le métier en intégrant le CA, que tu ne soupçonnais pas avant ?

Quand on est simplement adhérent·e, on ne se rend pas compte de la quantité de travail abattue par le CA. Personnellement, j’ai été stupéfaite par le nombre de réunions, tables rondes, conférences, débats… auxquels participe l’ATAA, en France et ailleurs. Pour nos membres les plus actives, c’est un engagement extrêmement chronophage. Mais à côté de ça, personne ne vous met la pression. Toute aide est la bienvenue, et chacun·e participe autant qu’il ou elle le souhaite. Enfin, sur le plan personnel, je craignais de me sentir un peu isolée vu que j’habite à Toulouse. Et en fait, absolument pas : j’ai été accueillie à bras ouverts et j’ai fait des tas de belles rencontres. Bref, aucun regret !

  • Quel changement récent dans le secteur te semble le plus déterminant pour notre avenir ?

Hélas, comment répondre autre chose que l’IA ? Je ne vais pas répéter ce que nous savons déjà tous et toutes, mais il est important de rappeler aux gens qu’ils ont encore le choix. Non, vous n’êtes pas obligés de vous contenter d’adaptations médiocres ! Quand vous tombez sur une traduction truffée de fautes, illisible, calquée sur la VO, découpée n’importe comment… N’hésitez pas à vous plaindre haut et fort et à faire remonter l’information. Nous méritons de continuer notre métier dans de bonnes conditions, et vos œuvres préférées méritent des adaptations qui leur rendent justice. Ne baissons pas les bras !

  • Quelle est la meilleure leçon que tu aies apprise depuis tes débuts, et que tu aimerais transmettre aux nouvelles et nouveaux arrivant·es ?

Réfléchissez bien avant de contacter l’URSSAF : pour chaque minute passée au téléphone avec eux, vous perdrez une année d’espérance de vie ! Bon, blague à part, je leur conseillerais de faire une séparation nette entre vie pro et vie perso. Ne travaillez pas (tous) les week-ends, ne consultez pas vos mails le soir, et gardez en tête que nous ne sommes pas médecins ou pompiers : rien n’est vraiment « urgent » dans notre métier, contrairement à ce que certains clients essaieront de vous faire croire un vendredi à 17 h.

Marielle Lemarchand remporte le Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2025

Jeudi 6 novembre 2025, lors de sa cérémonie annuelle, le jury du Prix ATAA de la traduction de documentaires audiovisuels a récompensé Marielle Lemarchand pour son adaptation irréprochable de Pompéi, ses nouveaux secrets (Arte). Une récompense d’autant plus méritée que le Prix connaît pour sa 8ème édition, un succès inédit avec une cinquantaine de candidatures. La cérémonie, moment de rassemblement professionnel, a également été l’occasion pour le collectif voice-over de présenter les résultats de son enquête sur l’évolution des rémunérations depuis 2000. Mais avant cela, place à quelques chiffres positifs !

Cinquante documentaires, 12 diffuseurs, 17 labos, 2 938 minutes de visionnage ! Les organisatrices du Prix, Madeleine Lombard, Adrienne Golzio et Marie Bocquet se sont félicitées d’un tel succès. Cette année, les candidatures ont quasiment doublé. Faut-il y voir une réponse à l’injonction d’Isabelle Miller, vice-présidente de l’ATAA, encourageant les auteurices à mettre en valeur leur travail ? Ou à l’appel du comité d’organisation incitant les candidatures en documentaire sous-titré ? Toujours est-il que l’arrivée de HBO Max dans le paysage audiovisuel français a eu un effet amplificateur sur le nombre de programmes candidats… Grâce aux binômes de prévisionnage, la sélection s’est affinée afin de ne soumettre que 15 documentaires au jury, composé cette année d’Isabelle Brulant, traductrice (lauréate Prix documentaire 2024), Cristina Fernandez, traductrice (finaliste Prix documentaire 2024), Pauline Lelièvre, traductrice et directrice artistique, Cécile Piot, responsable accessibilité chez Vectracom, et de Lola Wagner, traductrice (mention spéciale Prix documentaire 2024).

Le jury : Cristina Fernandez, Cécile Piot, Pauline Lelièvre, Lola Wagner et Isabelle Brulant

Irréprochable ! C’est dans ces termes que ce même jury a salué l’adaptation de Marielle Lemarchand du documentaire Pompéi, ses nouveaux secrets, épisode 1 "Des corps et des vies". Plus naturelle que la VO, la version française a fait preuve d’une maîtrise totale et d’une grande créativité. Quand nécessaire, Marielle a su s’éloigner de l’original avec dextérité. Le texte technique – du fait des termes d’archéologie et de volcanologie – n’a pas fait obstacle à une narration vivante et poétique, laissant transparaître la personnalité des intervenants et la justesse de leurs émotions.

Finaliste, Laurence Dupin a livré une adaptation inspirée et vivante du documentaire Luigi Nono, le son de l’utopie (Arte), consacré à ce compositeur italien des années 50. Savant jonglage entre allemand et italien, entre sous-titrage et voice-over, le texte s’avère empreint de musicalité et de poésie. Il aura aussi fallu du talent pour retrouver les termes de musicologie, ainsi que certains poètes inconnus de l’Allemagne du XVIIe siècle ; et rendre tous ces propos avec rigueur et précision.

Sur un sujet tout aussi confidentiel, Danielle Marques s’est distinguée par sa traduction de Miúcha, la voix de la bossa nova (Arte), documentaire racontant la vie de la chanteuse compositrice brésilienne Heloísa Maria Buarque de Hollanda. Moment de pur bonheur, la version française de Danielle a su entraîner le spectateur dans ce programme à la fois artistique et psychédélique, et su faire entendre toute la rage et la détermination de cette femme décidée à exister dans un univers d’hommes à l’égo surdimensionné.

Laurence Dupin, Marielle Lemarchand et Danielle Marques

« Surdimensionné » serait bien impropre pour qualifier les rémunérations pratiquées en traduction voice-over. C’est la conclusion du collectif voice-over – constitué d’Isabelle Brulant, de Marion Chesné et de Pauline Lelièvre – qui après plusieurs mois d’enquête, a présenté un état des lieux des tarifs en voice-over. Leur volonté était de disposer de chiffres concrets sur l’évolution des rémunérations entre 2000 et 2025 auprès de 6 grands groupes de diffusion, à savoir Discovery, Canal, M6, TF1, RMC et Disney, et auprès des 27 labos prestataires [en 2025, seuls 17 existent toujours]. La conclusion s’avère sans appel : aujourd’hui, entre l’augmentation du coût de la vie et la baisse des rémunérations, les adaptateurices de voice-over doivent travailler deux fois plus pour se payer un plein de carburant. En outre, la profession connaît aujourd’hui des périodes d’inactivité de plus en plus fréquentes et des retards de paiement créant une grande instabilité financière ne permettant plus à beaucoup de vivre de leur activité. Le collectif recommande aujourd’hui de proscrire les rémunérations au forfait trop souvent défavorables, au profit du tarif à la minute et au feuillet, et de généraliser les avances, avec pour objectif de ne pas être réduits à une variable d’ajustement. Enfin, un débat est aujourd’hui lancé sur la possibilité de mettre en place un revenu de remplacement.

Présentation du collectif voice over
Le collectif voice over : Isabelle Brulant, Marion Chesné, Pauline Lelièvre

Sur une note plus optimiste, Franck Laplanche, directeur général adjoint de la Scam a annoncé qu’un accord venait d’être signé avec Apple TV, et que d’autres suivraient très probablement, tels que Paramount ou Universal. Et bien que les négociations avec les diffuseurs prennent du temps, les droits à percevoir demeurent rétroactifs, à l’instar de Netflix qui avait dû s’acquitter de 5 années d’arriérés. Et même si « scam » signifie « arnaque » en anglais, et que cette blague a tordu de rire les représentants de Meta lors d’une première rencontre, tous restent contraints de signer un accord1.

L’arrivée de la SVOD, comme celle des chaînes thématiques à leur époque, a constitué une révolution pour la profession dont les effets se font encore sentir. En 2024, sur les 758 traducteurs ayant perçu des droits, 337 avaient travaillé pour Netflix. Aujourd’hui, les droits versés par la Scam ont augmenté de 30 % lesquels proviennent des plateformes. La SVOD a également constitué une révolution pour la Scam, qui s’est retrouvée – de manière tout à fait inédite – à négocier avec ces grands acteurs internationaux. Aussi, la formule d’accueil de Rémi Lainé, ancien président de la Scam, s’avère plus que jamais appropriée : « Bienvenue chez vous ! »2

Franck Laplanche, directeur-général adjoint de la Scam

Crédit photo : Brett Walsh

Journalnovembre 2025

Prix ATAA
06/11Prix ATAA de l'adaptation de documentaire à la SCAM

Journaloctobre 2025

Institutions
23/10Rendez-vous ATAA - SCAM
Associations soeurs
20/10Réunion de l'AVTE
Vie de l'ATAA
18/10Point contact
Cinéma
17/10Participation à la table ronde L’I.A. pour le sous-titrage et le doublage des films de patrimoine, Marché International du Film Classique
Associations soeurs
13/10Rendez-vous avec la CST et la FICAM
Vie de l'ATAA
13/10Matin : réunion du conseil d'administration
Associations soeurs
06/10Réunion de l'AVTE
Associations soeurs
02/10Réunion du groupement audiovisuel au SNAC

On arrête quand le foutage de gueule ?

La place de l'auteur dans l'audiovisuel est pour le moins ingrate et les traductrices et traducteurs spécialisé·es en doublage, sous-titrage et voice over font les frais d'un nombre incalculable de crasses au cours de leur carrière.

Procédons à quelques rappels de base, liste non exhaustive.

Rappelons le principe de base qui régit la relation commerciale entre un auteur et son client (prestataire technique, producteur, diffuseur...) : l’auteur n’est PAS un salarié, ni un employé à qui l’on impose des conditions, c’est un INDÉPENDANT avec qui on négocie.

  • Lui imposer un tarif : NON

L'auteur est un indépendant et en tant que tel, c’est à lui de fixer son tarif. Qui entre dans une boulangerie et balance à la figure de l'artisan-boulanger une pièce de 50 centimes pour lui acheter une tartelette à la framboise ?

  • Lui imposer un tarif sorti de derrière les fagots ou qui correspond à ce qui se pratiquait il y a 15 ou 20 ans : NON

Un auteur est souvent diplômé Bac+5 et doit faire des recherches dans plein de domaines différents, en plus de mettre son talent d’écriture au service de l’œuvre qu'on lui confie. Le savoir, l’expérience, le temps, ça se paie. Sans compter le coût de la vie qui augmente…

  • Rémunérer un travail qui doit être fait en urgence, le weekend, dans de mauvaises conditions (sans script, etc.) sans revalorisation : NON

L’auteur peut accepter de dépanner son client, mais quand les conditions professionnelles ne sont pas réunies, il faut payer plus, c’est NOR-MAL !

Journalseptembre 2025

Relations avec les clients
29/09Rendez-vous avec Transperfect (Arte en six langues)
Associations soeurs
29/09Réunion de l'AVTE
Institutions
29/09Réunion de concertation dialogue social, ministère de la Culture
Associations soeurs
22/09Réunion de l'AVTE
Institutions
16/09Conseil d'administration et assemblée générale extraordinaire de la SSAA
Institutions
15/09Rendez-vous avec la SACEM
Associations soeurs
15/09Réunion de l'AVTE
Associations soeurs
08/09Réunion de rentrée intersyndicale
Vie de l'ATAA
01/09Réunion du conseil d'aministration

Un pluriel bien singulier

"Why are they awake?" demande l'enquêtrice. Nous sommes dans la série Flashforward (2009). La population de la planète entière a perdu connaissance au même instant pendant 2 minutes et 17 secondes. Dans le premier épisode, des agents scrutent des images de télésurveillance : lors du black-out collectif, une silhouette déambule dans les gradins d'un stade au milieu d'une foule de spectateurs inanimés. Les images sont de qualité médiocre, mais il est évident qu'il s'agit d'une seule personne. Alors, pourquoi l'actrice dit-elle "they" ? (1)

Cette réplique m'avait déjà interpellée lors du premier visionnage de cette série, revue un peu par hasard récemment. C'était la première fois que je remarquais un exemple flagrant de cet emploi du they singulier.

Contrairement à ce que pourraient croire les non-anglophones, l'emploi du they singulier n'est pas réservé aux personnes qui se choisissent un pronom non genré. Il est maintenant couramment utilisé quand on ignore le sexe de la personne dont on parle, ou lorsqu'on veut préserver le mystère sur son identité, ce qui est pratique dans le contexte d'énigmes policières.

Cet emploi généralisé devenu banal est assez récent pour que son apparition m'ait interpellée comme une nouveauté. D'ailleurs, ce they incongru et déstabilisant que l’on est tenté de traduire par un pluriel vous a peut-être dérouté. Ce fut mon cas. Et la question de dater cette apparition et la généralisation de son usage s'est donc logiquement posée. D'où l'initiation d'un processus de prise de notes et donc de vérification de dates, qui s'est engagé de façon un peu erratique au début et plus systématique ensuite. Je voulais en partager le résultat ici.

Rencontre avec Laure-Hélène Césari

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu un prix ATAA pour l’adaptation de la série Brassic dont l’une des principales difficultés est le langage argotique. Avant la création d’Urban dictionary et d’autres outils en ligne, comment aurait-il été possible de traduire Brassic ?

Je pense qu’il aurait fallu un contact en Angleterre pour valider le sens de certaines phrases. D’autant que les personnages de Brassic bidouillent différentes expressions. Grâce à Urban dictionary, il est possible de retrouver des doubles, voire des triples sens. Ces personnages très vivants, qui parlent entre eux de manière codée, sont un véritable challenge à traduire, mais j’adore ça ! On vit vraiment avec eux. On est témoin de leur vie de tous les jours. J’aime aller chercher le terme le plus précis possible, sans que cela soit trop daté afin que la série puisse être regardée dans le temps, et sans perdre le spectateur en utilisant des expressions inconnues.

Peut-être qu’à une certaine époque, une telle série n’aurait jamais été diffusée à l’international. Il s’agit d’un programme atypique, pas du tout mainstream. Même aujourd’hui, peu de gens la connaissent autour de moi. Il faut dire que cette série déjantée à l’humour scatophile n’est pas très engageante de prime abord. Il faut s’y plonger. Avec Mona [Guirguis, co-lauréate du prix ATAA], nous en avons bavé sur la première saison. Il a fallu trouver nos marques. Personnellement, je me suis constitué un fichier Excel avec une série d’insultes, de petites phrases d’argot, ou d’expressions, qui reviennent souvent et pour lesquelles il faut varier les traductions. Il a fallu aller chercher des expressions françaises un peu détournées, mais tout aussi fleuries. De ce point de vue, le dictionnaire Bob est aussi extrêmement pratique.

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Anne Fombeurre

Lauréate du Prix de l’adaptation en doublage d’un film d’animation

Vous avez reçu un prix ATAA pour les dialogues français de Marcel, le coquillage (avec ses chaussures), écrits en collaboration avec Abel-Antoine Vial. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Le soir-même, je me suis sentie euphorique. Même si la vie quotidienne a vite repris le dessus, j’étais très heureuse de recevoir ce prix. En déclarant que le film semblait avoir été écrit en français, le jury nous a fait l’un des plus beaux compliments. Après la cérémonie, j’ai loué le film en VOD et ai regardé le début pour me replonger dans l’univers de ce petit personnage. J’espérais y retrouver le phrasé naturel et la sensation ressentie par les membres du jury.

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Mona Guirguis

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu le Prix ATAA pour l’adaptation de la saison 5 de Brassic dont vous avez traduit les 6 saisons avec Laure-Hélène Césari. Peut-on qualifier cette série de trash ?

En effet, cette série n’est pas à mettre entre toutes les mains. Brassic n’a aucune limite tant en termes d’images – on y voit du sang, des viscères, des morts qui explosent, etc. – que de vocabulaire. De prime abord, il s’agit d’un programme purement humoristique. On y suit les aventures de Vinnie et de sa bande de bras cassés. Bipolaire, il vit seul dans une caravane au milieu de la forêt, où il cultive du cannabis pour survivre. Lors d’une deuxième lecture, cette série s’avère plus profonde : on y découvre une fine observation des laissés-pour-compte de la société anglaise, une réflexion sur l’amitié, l’amour et l’humain en général. Les dialogues traitent également des traumas de l’enfance, des ravages de l’alcool, mais tout cela alors qu’un personnage a un bras enfoncé dans l’anus d’une vache…

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Nadine Giraud

Prix de l’Extra bille 2025

Vous avez reçu l’Extra bille 2025 pour avoir mené des négociations auprès de Dubbing Brothers pour la revalorisation des rémunérations des auteurices de doublage. Pourtant, vous travaillez depuis toujours pour cette société de doublage qui est votre principal client.

Dans le milieu des année 90, j’ai connu le milieu du doublage grâce à une amie, elle-même adaptatrice. Et je dois effectivement beaucoup à Dubbing Brothers, où j’ai appris la détection, sous la supervision de détecteurices expérimenté·es. En tant qu’intermittente du spectacle, cette activité m’a permis de gagner ma vie et de me familiariser avec l’image et ce secteur d’activité. Après 2-3 années de détection, grâce aussi aux bonnes rencontres faites à Dubbing Brothers, j’ai pu mettre à profit ma formation d’anglais littéraire – et mon expérience de la traduction acquise au cours de mes études – en réalisant ma première adaptation en 1998. Les dessins animés Disney ont fait partie de mes toutes premières commandes. J’ai eu la chance de commencer par des programmes que l’on pourrait qualifier de « prestige ». C’était valorisant. À l’époque, les jeunes auteurices faisaient très généralement leurs armes sur des soaps, comme Les Feux de l’amour. Les enjeux y étaient moindres, et les comédiens de doublage compensaient, connaissant par cœur leur rôle.

Crédit photo : Brett Walsh