Cérémonie des prix de l'ATAA 2024

Vendredi 31 mai, la 12e édition de la remise des Prix de l’ATAA s’est ouverte devant un parterre de 250 convives rassemblés dans l’auditorium Debussy-Ravel de la Sacem. Réunissant de nouveau cinéma et séries, la cérémonie a récompensé de quatre prix d’adaptation six autrices et un auteur pour l’excellence de leurs sous-titres ou de leur doublage. Retour sur cet événement qui restera gravé dans les mémoires.

Plein d’un enthousiasme communicatif, le jury cinéma n’a pas caché son plaisir de remettre le Prix de l’adaptation en sous-titrage d’un film anglophone à Anne Crozat, ravie de transformer l’essai pour cette troisième nomination ; et à Jean Bertrand, lauréat du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’un film non-anglophone. Ému aux larmes, ce dernier ne s’imaginait pas remporter le trophée pour un film traduit de l’allemand et traitant de l’insoutenable solution finale imaginée par les Nazis…

Anne Crozat, lauréate du Prix cinéma sous-titrage d'un film anglophone pour "Renfield"
Jean Bertrand, lauréat du Prix cinéma sous-titrage d'un film non anglophone pour "La Conférence"

Interview de Françoise Monier

Lauréate du Prix de l'adaptation en doublage pour le film Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson

Crédit photo : Rémi Poulverel

Depuis vos débuts il y a 30 ans, vous avez traduit les plus grands réalisateurs. Avec un tel parcours, les distributeurs et les labos vous déroulent-ils le tapis rouge ?

De façon surprenante, je n'ai pas l'impression d'être privilégiée. Mon seul avantage est de pouvoir refuser les projets trop mal rémunérés ou inintéressants de mon point de vue. Mais on ne peut pas vraiment parler de « tapis rouge », car c'est un secteur très concurrentiel. D’autant que je ne travaille pas sur les blockbusters. Mes goûts cinématographiques m’orientent plutôt vers les films d'auteur et les films d'art et d'essai. Aujourd’hui, je dois encore « lutter » pour qu’on me confie des projets. Cependant, il est arrivé que l’on vienne me chercher. Sachant que j’avais déjà traduit plusieurs films de Spike Lee, Netflix m’a sollicitée pour sous-titrer Da 5 Bloods : Frères de sang diffusé en exclusivité sur leur plateforme. Sans discuter, ils ont accepté un tarif de 5 dollars par sous-titre, mais cela demeure notre seule collaboration. Je sais qu’il y a une véritable disparité entre les films de prestige et le reste des programmes, et que même les plateformes fonctionnent à deux vitesses. Néanmoins, ma situation m’offre la liberté de dire « non » quand je le souhaite : c’est un vrai privilège.

L’alternance, c’est pour bientôt !

« Pourquoi vous ne mélangez plus séries et cinéma ? » Cette question, légitime, les membres du comité d’organisation des Prix ATAA l’entendent régulièrement. Nous avons expliqué par le passé ce qui nous avait amenées, bien malgré nous, à cette décision. Mais il ne serait pas inutile de faire un point, d’autant que ça va encore changer l’an prochain !

Pour commencer, un petit rappel en quelques dates clés :

  • 2012 : création des Prix ATAA Cinéma Sous-titrage, remis en mars à la Fémis.
  • 2013 : deuxième édition pour le Sous-titrage, première pour le Doublage.
  • 2015 : première cérémonie à la Sacem.
  • 2016 : création des Prix Séries, en Sous-titrage et en Doublage, première remise lors des 10 ans de l’ATAA, à la Cité Universitaire.
  • 2017 : création des Prix Documentaires, remis à la Scam, et première remise commune à la Sacem des prix Cinéma et Séries.
  • 2019 : lors de la cérémonie en février, annonce d’une alternance pour les prochaines éditions…

Fighting for our Rates

A Subtitler Speaks from Experience

(To read the French version, click here)

Maï, in the ATAA forum, you recently told us about a job one of your clients offered to you. Can you tell us more about it?

A large postproduction studio in Paris contacted me in December 2022 about subtitling all the episodes of a very prestigious, very successful mini-series with a very comfortable turnaround time (4 months to do 7 45-minute episodes). They told me the rate would be 16 € per minute (for both adaptation and timespotting).

They also told me there would be a lot of extra work I’d have to do, like filling in tables, preparing a list of on-screen texts and a localisation list which is a list of recurring and/or important words specific to the series the client wants so they can check everything and ensure a uniform translation for both the dubbing scripts and the subtitles. Preparing these documents requires a lot of additional time and coordination with the dubbing and subtitling teams. For this extra work they ask us to do, which has increased significantly over the past few years, we don’t receive any compensation. But author groups are currently in discussions to get this work included in the list of paid tasks. The project manager seemed apologetic about the amount of extra work to be done and said that she could possibly pay me for the simulation [the step where the subtitles are proofread and checked with the programme] as a way to compensate me for the extra work.

At first, I was excited to work on this project and with the dubbing team. I knew one of the authors, and I liked the subject of the series. So, my desire to be part of the project led me initially to accept the job in principle. But after thinking about if for a few days, I did the math. When a programme has a lot of dialogue, which is often the case with a series, there’ll usually be about 18 subtitles per minute on average. At the rate they were offering, that worked out to 88 cents per subtitle. I’m lucky enough to have the opportunity to work regularly on projects that pay between 3.50 € and 4.30 € per subtitle. So I called the project manager back and refused the job because the rate was inappropriate. I explained to her that, being a staunch defender of proper rates for the profession, I could not, in good conscious, agree to such a low rate.

It was the first time that I was getting contacted to subtitle a programme that would run on Amazon. Along with that, I was also offered a dubbing project at a relatively acceptable rate of 28.60 € per minute, and I accepted that one.